Vendredi 1er avril : deuxième séminaire de recherche DE FACTO


1er avril 2022 - de 14h à 18h


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Planning et description

14h-16h : S’informer sur YouTube

Inna Lyubareva (IMT Atlantique/LEGO), Julien Mésangeau (Université Sorbonne Nouvelle/IRMÉCCEN), Cécile Bothorel (IMT Atlantique/Lab-STICC), Laurent Brisson (IMT Atlantique/Lab-STICC), Yannis Haralambous (IMT Atlantique/Lab-STICC) “Chambres d’écho et dynamiques communautaires sur Youtube” ANR PIL (CE27-0010-01)

Cette recherche conduite dans l’ANR “Pluralisme de l’information en ligne” (PIL) porte sur les interactions entre utilisateurs sur YouTube. Nous présentons une étude inédite de 2 209 222 commentaires, publiés par 517 689 utilisateurs, répartis dans les espaces de commentaires de 46 090 vidéos. Ces dernières sont issues d’un panel de 59 chaînes Youtube de médias français. Nous montrons que les interactions autour des vidéos sur les différentes chaînes peuvent contenir une partie « cachée » qui se concrétise par une formation de communautés, au niveau inter-chaînes et inter-vidéos, des utilisateurs de Youtube et qui sont susceptibles d’orienter les choix d’information et leurs opinions. Notre analyse fait appel à des méthodes originales, capables de croiser les outils d'analyse de grands graphes et l’analyse du discours, les méthodes quantitative et qualitative. Elle permet d’identifier les communautés répondant aux critères des chambres d’écho. Parmi ces communautés, les plus grandes regroupent à certains moments de leur cycle de vie jusqu’à 300 personnes et durent jusqu’à 8 semaines. Ces résultats montrent qu’une chambre d'écho n'est pas seulement le prolongement de groupes partisans, ou politiques, existants : elle peut se former dans les espaces des commentaires au sein de la plateforme et couvrir un spectre thématique plus large que les sujets politiques. 

Yvette Assilaméhou-Kunz (Université Sorbonne Nouvelle/IRMÉCCEN), Julien Mésangeau (Université Sorbonne Nouvelle/IRMÉCCEN), Sophie Balcon-Fourmaux (Université Sorbonne Nouvelle/IRMÉCCEN) - A l’intérieur d’une chambre d’écho : Approche qualitative des processus de renforcement du consensus entre commentateurs d’une chaîne YouTube de « réinformation »

Cette communication rend compte d’une enquête qualitative, réalisée sur les fils de commentaires d’une vidéo issue d’une chaîne d’une Youtubeuse, dite de « réinformation ». Nous supposions que l’espace commentaire de la chaîne présenterait les caractéristiques d’une chambre d’écho, de l’homophilie de valeurs à l’expression automatique de l’adhésion aux opinions admises par les membres du groupe. Afin de mettre en évidence les spécificités de cet espace, le contenu des fils de discussion est comparé avec celui d’une vidéo portant sur le même sujet, mais issue d’une chaîne d’un média de la presse quotidienne nationale. Nos résultats indiquent que, sans qu’ils ne s’associent explicitement à une communauté, les participants utilisent l’humour via l’ironie et le sarcasme pour signaler leur appartenance à une même communauté d’opinion et discriminer qui n’en fait pas partie. Ces pratiques favorisent un accord quasi-automatique des autres membres de la chambre, qui valident ce propos et s’en font l’écho, notamment en reformulant les thèmes et idées contenus dans le commentaire initial. Par ailleurs, nous avons constaté que l’écho est activement préservé par les participants à un fil de commentaire. Les participants exprimant une position divergente et/ou n’utilisant pas l’ironie vont provoquer un désaccord, voire une désapprobation hostile s’ils ne s’alignent pas avec les opinions partagées au sein de la chambre d’écho.

Benjamin Tainturier (Sciences Po, médialab), Charles de Dampierre (ENS), “L’empreinte antisémite sur YouTube”

Cette recherche s’inscrit dans le cadre de la publication du 30e rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’homme sur le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. L’étude se fonde sur un corpus de 628 chaînes YouTube : les commentaires que des internautes rédigent sur les vidéos publiées par ces 628 chaînes ont servi pour deux niveaux d’analyse. D’abord, ces commentaires permettent de créer une cartographie de YouTube, en reliant entre elles les chaînes commentées par les mêmes internautes. De proche en proche, ce sont des territoires cohérents qui se constituent, regroupant en différents espaces les vidéos selon leur public — Humour et divertissement, Réinformation, Médias centraux, Droite conservatrice, Médias de gauche… La seconde étape de l’analyse a consisté à construire, à l’aide d’un algorithme de traitement automatique du langage, un détecteur capable d’estimer l’empreinte antisémite de chacun des deux millions de commentaires analysés. Ce détecteur, entraîné par les chercheurs, identifie les contenus teintés d’antisémitisme, et estime la forme historique dont cet antisémitisme procède : antisionnisme, judéophobie, conspirationnisme… Ainsi, ces deux niveaux d’analyses permettent d’établir dans quels territoires de YouTube l’antisémitisme sévit particulièrement, et quelles sont les différentes formes que ce discours de haine prend, selon les territoires.

Pause

16h30-18h

Maxime Audinet (IRSEM) - « Russia Today (RT) : média global « alternatif » ou instrument au service de l’Etat russe ? »

Depuis 2008, le réseau RT se positionne comme une source « alternative » dans l’espace médiatique international et dans ses pays d’implantation. Cette posture communicationnelle, qui place ce média russe international en concurrence avec les « médias mainstream » occidentaux, se reflète dans sa devise sceptique, Question More (Osez questionner). Pourtant, la ligne éditoriale flexible déployée par ses filiales, toujours adaptée en fonction des audiences ciblées, n’a jamais cessé d’être compatible avec la ligne officielle russe ou de répercuter les représentations des élites du pouvoir. La production des actualités chez RT passe aussi par la mobilisation de procédés récurrents, comme le relativisme, la désorientation ou le sarcasme, qui visent à déprécier la « norme » libérale occidentale à laquelle le réseau se confronte. Cette intervention revient sur ce positionnement et les pratiques médiatiques qui en découlent chez RT.

Kevin Limonier (Institut français de géopolitique) : “Les stratégies d’influence numérique russes”.