Fake news : les dangers des fausses informations à l'ère du numérique


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Rédactrice : Ingrid de Chevigny

Qu’elles concernent des sujets liés à la santé, à la politique ou encore au changement climatique, les fake news, ou fausses informations, se répandent aujourd’hui comme une traînée de poudre sur Internet et les réseaux sociaux.

Ces nouvelles erronées ou manipulées suscitent la confusion, altèrent notre perception de la réalité, alimentent les théories du complot les plus folles, et vont même jusqu’à influencer des élections partout dans le monde, comme lors de la présidentielle américaine de 2016.

Deepfake vidéo imitant parfaitement une personnalité politique, photo détournée et sortie de son contexte, contenu audio créé par intelligence artificielle, simple texte sur un forum en ligne…Nombreuses sont les formes que peut prendre une fausse actualité. 

Alors, comment ces informations déformées parviennent-elles à manipuler nos émotions et à fragiliser notre société ultra-connectée ? Quel est leur véritable impact sur le public en France, en Europe, et dans le monde ? Et surtout, comment se protéger de cette vague de fake news qui déferle sur le Web et les réseaux sociaux ? 

Qu'est-ce qu'une fake news ?

Définition des fake news

Les fake news sont des contenus créés pour tromper, manipuler ou influencer les perceptions du public. Elles peuvent prendre la forme d’un article, d’une vidéo, ou encore d’une photo, et se présentent souvent sous une apparence crédible, ce qui rend leur détection particulièrement difficile, même pour des internautes aguerris. 

Les fake news peuvent être totalement fabriquées ; ou contenir des éléments véridiques, mais distordus ou sortis de leur contexte pour induire en erreur. 

Contrairement aux erreurs journalistiques, les fake news sont délibérément conçues pour créer des réactions émotionnelles, générer des clics, et souvent, pour servir des intérêts politiques, économiques ou idéologiques.

Origines et évolution des fake news

La diffusion de fausses informations pour influencer l’opinion a toujours existé. Le magazine Ça m’intéresse raconte en effet que toutes les époques ont été traversées par des rumeurs et des informations biaisées, de la Rome Antique au règne de Louis XIV, en passant par la 1re Guerre mondiale.

Mais l'essor des réseaux sociaux a donné une ampleur inédite au phénomène, d’où une popularisation du terme à partir des années 2010. C’est notamment l’élection présidentielle américaine de 2016, opposant Donald Trump et Hillary Clinton, qui a révélé l'impact moderne de ces “infox”, brouillant les frontières entre propagande et vérité.

Les différentes formes de fake news

Les fake news peuvent se décliner sous une multitude de formes, telles que :

  • De faux articles, qui imitent les codes journalistiques pour duper le lecteur,
  • Des deepfakes, c’est-à-dire des photos, contenus vidéo ou enregistrements audio manipulés avec l’aide de l’intelligence artificielle (IA),
  • Des contenus satiriques sortis de leur contexte, qui présentent au premier degré ce qui n’est qu’une parodie.
  • De fausses citations attribuées à des personnalités publiques.

D’autres pratiques ne sont pas des fake news à proprement parler, mais contribuent à la désinformation. On peut notamment citer les clickbaits, ou pièges à clics, qui sont des articles ou des vidéos utilisant des titres sensationnalistes, souvent en décalage avec le contenu réel, et qui déforment ainsi la réalité.

Comment les fake news se propagent-elles ?

Le rôle des réseaux sociaux et des mécanismes de viralité dans la propagation des fake news

Les réseaux sociaux ont radicalement changé la façon dont l’info circule : les plateformes comme Facebook, X, TikTok et Instagram utilisent des algorithmes qui cherchent à maximiser l’engagement, et qui favorisent donc les contenus émotionnellement marquants et polarisants. 

Les fake news, souvent conçues pour choquer ou attiser la curiosité, deviennent ainsi des candidates idéales pour une diffusion rapide et massive. Partagées massivement en quelques clics, elles bénéficient d'une amplification quasi immédiate, atteignant des millions de personnes, notamment les jeunes générations, en seulement quelques heures. 

Les messageries privées telles que WhatsApp et Telegram jouent également un rôle important : les informations y sont partagées dans un cadre confidentiel et personnel, créant un effet de "bouche-à-oreille numérique" où chaque message gagne en crédibilité.

L’influence des médias traditionnels dans la diffusion de fake news

Les médias traditionnels, bien qu’encadrés par des pratiques journalistiques strictes, peuvent malgré eux contribuer à la diffusion de fausses informations, notamment dans les périodes de forte pression médiatique. 

Dans un contexte où chaque seconde compte pour couvrir l’actualité, certains faits non vérifiés peuvent en effet être relayés par erreur. Les rédactions sont toutefois de plus en plus vigilantes sur le sujet, et mettent en place des processus de fact-checking pour éviter ces dérapages.

L'impact des fake news sur la société

Fake news et conséquences politiques

Les fake news jouent désormais un rôle critique dans l’arène politique, en particulier lors des périodes d’élection. La présidentielle américaine de 2016 a notamment mis en lumière l’impact massif de la désinformation, avec de nombreux exemples de fake news devenues virales, comme le prétendu soutien du pape François à Donald Trump, ou le fameux “pizzagate”, qui accusait à tort des membres du Parti démocrate de diriger un réseau de trafic d'enfants depuis une pizzeria à Washington. 

Aujourd’hui, l’histoire se répète : l’élection présidentielle américaine de 2024 a vu Kamala Harris être la cible de campagnes de désinformation orchestrées par la Russie, dans un contexte de tensions internationales exacerbées par la guerre en Ukraine. Donald Trump lui-même est souvent accusé de relayer de fausses informations en masse.

Mais l’Europe, et en particulier la France ne sont pas épargnées par le phénomène : en 2017, une fausse nouvelle sur un supposé financement de la campagne d'Emmanuel Macron par l’Arabie saoudite a par exemple fait le tour de la Toile, alimentant des théories du complot.

Cette désinformation influence les électeurs et polarise l’opinion publique, sapant la confiance dans les processus démocratiques. Selon une étude réalisée par l’institut Ipsos pour l’Unesco, environ 85 % de la population en âge de voter dans 16 États où des élections sont prévues en 2024 en est d’ailleurs convaincue : les fake news auront un impact sur le vote d'une grande part des électeurs cette année. 

Fake news dans la santé et les sciences

Les fake news posent par ailleurs des risques réels pour la santé publique. Pendant la pandémie de COVID-19, la prolifération de rumeurs et d’infox sur les vaccins a poussé l’OMS à parler d’”infodémie”, un flot continu de désinformation qui a freiné les efforts de vaccination, en France et dans de nombreux autres pays. 

De nombreuses fake news, parfois véhiculées par des personnalités influentes, ont prétendu que les vaccins étaient dangereux ou inefficaces, entraînant une perte de confiance envers la médecine conventionnelle et une baisse de la couverture vaccinale. 

Au-delà du COVID-19, les domaines scientifiques comme le changement climatique et la génétique sont également vulnérables aux fake news. Des informations fausses ou simplifiées circulant en ligne créent une méfiance croissante envers les données scientifiques. Elles peuvent freiner des politiques de prévention et d’éducation, notamment face à l’urgence climatique.

Fake news et perte de confiance dans les médias

La diffusion massive de fake news a conduit à une véritable crise de confiance envers les médias traditionnels. Selon le baromètre La Croix de 2023 sur la confiance des médias, près de 57 % des Français et des Françaises considèrent en effet qu'il faut "se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d'actualité".

Le manque de discernement entre informations fiables et informations fausses mine la crédibilité des journalistes. Cela crée une défiance envers les médias, qui peinent parfois à démentir les fausses informations rapidement.

Cette crise de confiance renforce un cercle vicieux : la méfiance pousse les individus à se tourner vers des sources alternatives, souvent moins rigoureuses, ce qui favorise la diffusion de contenus trompeurs. Les institutions médiatiques, pourtant fondées sur des pratiques de vérification, sont ainsi défiées, et peinent à jouer leur rôle de piliers de la démocratie.

Comment repérer et éviter les fake news ?

Signes pour reconnaître une fake news

Certaines caractéristiques peuvent révéler la nature trompeuse d’une info. Voici quelques indices clés :

  • Titres sensationnalistes : les fake news utilisent souvent des titres choquants ou exagérés pour capter l’attention et provoquer des émotions fortes. Des expressions comme "Vous ne croirez jamais…" ou "La vérité révélée" sont souvent un indice de contenu douteux.
  • Sources non transparentes : les fake news proviennent souvent d’une source peu fiable, sans historique crédible ou sans informations claires sur son origine. Si le site Internet en question n’a pas de section “À propos” ou si l’auteur est anonyme, cela peut signaler un manque de fiabilité.
  • Absence de données concrètes : les fausses informations manquent souvent d’études, de faits vérifiables ou de liens vers des documents officiels. Lorsqu’un contenu avance des affirmations sans citer de preuves spécifiques, comme des statistiques ou des sources directes, il est prudent de douter de sa véracité.
  • Images et vidéos manipulées : les fake news s’appuient parfois sur des photos ou des vidéos modifiées. Des outils comme Google Images ou TinEye permettent de retrouver l’origine d’une image et de vérifier si elle a été détournée.

Comment vérifier la véracité d'une information ?

Quelques techniques simples peuvent aider à évaluer rapidement la fiabilité d'une nouvelle :

  1. Recouper les sources : il est utile de vérifier si d’autres médias de confiance, comme des agences de presse (AFP, Reuters) ou des journaux reconnus, relaient la même information.
  1. Utiliser des sites spécialisés : des plateformes de fact-checking comme DE FACTO offrent des vérifications rapides et détaillées sur de nombreux sujets d’actualité et de rumeurs.
  1. Faire des recherches sur l'auteur et le site : vérifier si l'auteur est identifiable et possède une expertise avérée peut être déterminant. Une recherche rapide peut souvent permettre de connaître la réputation du site et de savoir s’il a déjà diffusé des informations trompeuses.
  1. Inspecter les détails de l’info : les articles crédibles présentent souvent des données précises et vérifiables (comme des chiffres, des dates ou des citations). À l'inverse, il faut faire preuve de méfiance face aux sources qui utilisent des expressions vagues comme "les experts disent".

Ces méthodes permettent de faire le tri entre les informations fiables et les rumeurs ou les contenus trompeurs, sans recourir à des outils complexes. Les fact-checkers utilisent, quant à eux, des méthodes et des logiciels spécifiques, comme des bases de données spécialisées, qui leur permettent de confirmer ou d'infirmer des faits de manière plus précise.

L’importance de l’éducation aux médias

L’éducation aux médias est devenue essentielle pour apprendre à distinguer le vrai du faux. En encourageant le développement de l’esprit critique, notamment chez les jeunes, elle permet de reconnaître les pièges de la désinformation, et elle sensibilise à une utilisation raisonnée des réseaux sociaux. 

De nombreuses initiatives commencent d’ailleurs à émerger sur le sujet : l’Observatoire européen des médias numériques (EDMO) a par exemple lancé une campagne avec des lignes directrices pour des initiatives efficaces en matière d’éducation aux médias, l’Arcom (le régulateur français de la communication audiovisuelle et numérique) a créé un observatoire “Éducation & Médias”, et l’Unesco organise chaque année une Semaine mondiale de l'éducation aux médias et à l'information.

Comment se protéger des fake news ?

Stratégies pour limiter l'exposition aux fake news

Éviter toute source douteuse en privilégiant des médias de confiance est la première étape pour réduire les risques d’exposition aux fake news. 

Ne pas relayer les fausses nouvelles et les signaler aux plateformes aide par ailleurs à ralentir leur propagation et à responsabiliser les internautes : chaque signalement participe en effet au filtrage de l’information sur les réseaux.

Le rôle des plateformes numériques dans la lutte contre les fake news

En tant que canaux principaux de diffusion, les réseaux sociaux portent une responsabilité majeure dans la diffusion des fake news. Pour réduire leur portée, Facebook, X, TikTok et d’autres plateformes ont mis en place des algorithmes de détection et de filtrage des contenus trompeurs. 

Par exemple, Facebook et Instagram marquent désormais les publications douteuses en les accompagnant d’avertissements. En parallèle, les partenariats avec des organismes de fact-checking permettent d’améliorer l’identification des fausses informations, et de limiter leur viralité. 

Bien que ces mesures représentent un progrès, leur efficacité dépend cependant grandement de la vigilance des utilisateurs, et de l’adaptation continue des algorithmes face aux nouvelles techniques de désinformation.

Pour conclure, les fake news sont devenues un véritable enjeu de société, influençant nos choix et fragilisant notre confiance dans les institutions. Les efforts conjoints des internautes, des plateformes numériques et des organismes de vérification sont donc plus que jamais indispensables pour contrer l'impact de la désinformation.

FAQ

Quelle est la traduction de fake news ?

La traduction littérale de fake news en français est "fausse information", mais on lui préfère généralement le terme “infox”. 

Quel site consulter pour vérifier une information ?

Il existe de nombreux sites de fact-checking en France comme Les Décodeurs du Monde, Checknews de Libération ou DE FACTO, qui décryptent de nombreuses nouvelles liées à l’actualité politique, climatique, ou encore sanitaire.

Comment vérifier la fiabilité des informations sur Internet ?

Pour vérifier la fiabilité d'une information en ligne, il est essentiel de croiser les sources, ou bien de consulter des médias sérieux et des sites de fact-checking reconnus.

Quelle fausse information a récemment circulé sur le Web ?

Lors de l'élection présidentielle américaine de 2024, par exemple, la Russie a mené des campagnes de désinformation ciblant Kamala Harris. Diffusées par diverses sources en ligne, ces campagnes visaient à influencer l'opinion publique dans plusieurs États.