Présidentielle 2022 : Nucléaire, retraites… Emmanuel Macron a-t-il retourné sa veste, comme l’affirme Valérie Pécresse ?


Présidentielle 2022 : Nucléaire, retraites… Emmanuel Macron a-t-il retourné sa veste, comme l’affirme Valérie Pécresse ?

Publié le mercredi 16 mars 2022 à 14:11

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Le candidat-président a débattu, avec sept de ses concurrents dans la course à la présidentielle, sur le sujet de la guerre en Ukraine 

(LAURENT VU/SIPA)

Auteur(s)

Maïwenn Furic (20 Minutes)

Sur TF1 lundi soir, Valérie Pécresse a accusé le président sortant d’avoir, en cinq ans, changé de position sur plusieurs thématiques

Emmanuel Macron a-t-il changé d’avis sur les retraites, le nucléaire, la sécurité et la justice ? C’est en tout cas l’accusation portée par  Valérie Pécresse lors de l’émission La France face à la guerrequi a réuni huit candidats à l'Elysée sur TF1 lundi soir. « Je crois qu’il a écouté mon programme et j’en suis heureuse. Visiblement, ce n’était pas du tout sa position il y a quelques mois », a poursuivi la candidate LR.

Le président-candidat a-t-il vraiment changé de position sur ces sujets majeurs ? 20 Minutes fait le point.

FAKE OFF

  • Sur l’âge de départ à la retraite, le président a changé d’avis

Dès sa campagne de 2017, Emmanuel Macron annonçait vouloir réformer les régimes de retraite, avec une promesse – parmi d’autres : « Nous ne toucherons pas à l’âge de départ à la retraite ». Lorsqu’elle a été mise sur la table fin 2019, sa réforme a rencontré une vive opposition, avant que le projet ne soit laissé de côté en raison du coronavirus.

Cette nouvelle campagne a remis le sujet sur la table. Cependant, et comme 20 Minutes le relatait  l'a expliqué il y a quelques jours, il y a des différences notables entre les propositions de 2017 et de 2022 du candidat Macron. Aujourd’hui, le président-candidat promet un allongement progressif de l’âge de départ. Un report qui se fera sur une dizaine d’années, « pour aboutir à 65 ans en 2032 », a précisé Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale qui devait présenter le projet de réforme à la CFDT.

En 2017, le candidat LREM fixait par ailleurs une retraite minimum à 1.000€, contre 1.100 aujourd’hui. Pour autant, dans un contexte d’inflation, il ne s’agit pas d’une grande avancée, selon les économistes. Enfin, sur la suppression de l’ensemble des régimes spéciaux, promise par le candidat en 2017, le détail de la réforme prévue n’est pas connu mais elle pourrait ne concerner que les « nouveaux entrants », selon le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

  • Volte-face sur le nucléaire

En novembre 2018, le président avait confirmé la fermeture des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim pour 2020, concrétisant la promesse faite par son prédécesseur, François Hollande. Le gouvernement défendait alors « une étape-clé dans l’engagement porté par la France de réduire à 50 % la part du nucléaire dans la production d’énergie », prévoyant la fermeture de 12 autres réacteurs à l’horizon 2035.

Depuis, Emmanuel Macron a fait un virage à 180 degrés sur l’atome. Le président s’est rendu à Belfort le 10 février dernier pour présenter son plan pour l’avenir de l’énergie en France, dont l’un des piliers n’est autre que… le développement du nucléaire. Il souhaite ainsi construire, d’ici à 2050, six nouveaux réacteurs nucléaires EPR. Ils seront complétés par de petits réacteurs modulables (SMR) et des réacteurs « innovants » produisant moins de déchets, avec l’objectif de « 25 gigawatts de nouvelles capacités nucléaires d’ici 2050 ». Un changement de pied justifié par Emmanuel Macron par la hausse des besoins d’électricité. Le président-candidat veut également « prolonger [la durée de vie de] tous les réacteurs qui peuvent l’être » au-delà de cinquante ans si possible.

  • Même trajectoire pour la sécurité et la justice

Sur les questions de sécurité et de justice évoquées par Valérie Pécresse, le président affichait des ambitions fortes lors de sa campagne en 2017. Il promettait la création de 10.000 postes de policiers et de gendarmes, une « police de sécurité quotidienne », davantage de places en prison ou encore une réforme de la justice pour plus de rapidité dans les procédures.

NOTRE DOSSIER SUR LA PRÉSIDENTIELLE

De ce point de vue, Emmanuel Macron n’a pas changé de cap. Si la « police de sécurité du quotidien » a bien été une réalité, la création des postes supplémentaires fait toutefois l'objet de controverses. Pour ce qui est des 15.000 places de prison, la moitié a été créée et le reste devrait l’être d’ici 2027. En revanche, le bilan en matière de réforme de la justice est plus mitigé. L’effort budgétaire a été important tout au long du quinquennat, mais il a surtout servi à rattraper des années de retard.

En janvier dernier, alors qu’il n’était pas encore officiellement candidat, Emmanuel Macron a annoncé une hausse de 15 milliards d’euros du budget de la sécurité sur les cinq prochaines années. Une volonté conforme à la trajectoire annoncée en 2017. Le candidat LREM présentera son programme complet ce jeudi 17 mars, de quoi en savoir plus sur ses positionnements.