Un ancien élève de Brigitte Macron l’accuse d’agression sexuelle ? Attention à ce faux témoignage
Publié le jeudi 13 mars 2025 à 12:21
Un complotiste américain se fait passer pour un ancien élève de Brigitte Macron et affirme qu'elle l'aurait agressé lorsqu'il était jeune.
(Capture d'écran du compte X lionel.torres75)
- Auteur(s)
Clément François
Un complotiste américain se fait passer pour un ancien élève de Brigitte Macron et affirme qu’elle l’aurait agressé lorsqu’il était jeune. C’est un faux témoignage modifié par IA
Dans un témoignage face caméra, sous-titré en anglais, un certain Lionel Torres affirme être un ancien élève de Brigitte Macron, à l’époque où elle enseignait au collège Lucie-Berger de Strasbourg.
Il prétend qu’en 1987, « Madame Auzière » (le nom de son premier mari) l’aurait agressé sexuellement après une journée d’école, et qu’il n’en aurait jamais parlé à personne depuis.
Un faux témoignage truffé d’erreurs
A la première écoute, cette vidéo sonne faux pour n’importe quelle personne qui aurait grandi en France. L’homme affirme que le français est sa langue maternelle mais l’accent ne ressemble ni à de l’anglais ni à du français et le texte semble tout droit sorti d’un logiciel de traduction.
Quand on y regarde d’un peu plus près, ce Lionel Torres a l’air d’avoir été créé par une intelligence artificielle. Son visage apparaît plus flou que le reste de la vidéo, les expressions faciales ne sont pas naturelles, et ses lèvres ne suivent pas toujours le déroulé de ses paroles.
Il y a de grandes chances qu’un logiciel de deepfake ait été utilisé pour coller sur notre complotiste anonyme un autre visage, celui du véritable Lionel Torres.
Car en effet, Il existe un Lionel Torres qui a étudié au collège Lucie-Berger dans les années 1980. On peut retrouver sur son compte Copains d’avant une photo de classe, celle qui a été utilisée par l’usurpateur dans son témoignage. Sa photo de profil, bien qu’ancienne, montre qu’il ne ressemble pas à l’homme de la vidéo.
Retrouvé et contacté par la rédaction des Observateurs, l’homme de 50 ans a avoué ne pas être à l’origine de ce faux témoignage, mais qu’il avait bien été l’élève de Brigitte Macron.
Dernier indice, le compte Instagram que l’on peut voir en haut de la vidéo n’existe plus (ou n’a jamais existé ?) et ne correspond pas à celui du véritable Lionel Torres.
Des Américains fans de Brigitte ?
Pour comprendre d’où vient cette fake news, il faut s’intéresser à tout l’aspect anglophone de la vidéo. On comprend que c’est un complotiste américain qui se fait passer pour un ancien élève Français, mais pour quelle raison ?
Il nous donne lui-même un indice en fin de vidéo, en affirmant qu’il sort du silence aujourd’hui « maintenant que la vérité sur la famille Macron a été révélée (Avec Candace) ». L’homme fait ici référence à Candace Owens, « journaliste » complotiste, antivax, prorusse et trumpiste, à la notoriété limitée aux cercles d’extrême droite américains.
Depuis plusieurs mois, elle multiplie les attaques contre la première dame dans une série et un livre appelés « Devenir Brigitte ». Elle y affirme que Brigitte Macron serait une femme transgenre, née Jean-Michel Trogneux, et qu’elle aurait changé de sexe il y a plusieurs années. Ses récits cachent aussi des accusations plus graves de pédocriminalité.
Une théorie du complot répandu dans les cercles d’extrême droite et complotistes depuis plusieurs années maintenant en France, sans qu’aucune preuve n’ait jamais été avancée. Candace Owens a exporté cette théorie aux Etats-Unis en surfant sur la vague conservatrice et anti-trans américaine.
On comprend donc que l’homme que nous voyons dans cette vidéo, « inspiré » par cette théorie, a décidé de se faire passer pour un ancien élève de la première dame. Il y fait d’ailleurs une référence discrète au cours de son « témoignage » : « Elle m’a dit que si je n’aimais pas les femmes, elle pouvait me présenter à un homme, c’est vraiment bizarre. »
Rien ne nous dit cependant si Candace Owens est impliquée dans cette affaire, puisqu’elle n’a pas partagé le témoignage sur ses réseaux sociaux.