7 Octobre : la lettre de suicide d’un survivant de Nova, massivement partagée, était fausse


Publié le mardi 3 septembre 2024 à 12:00

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A Re'Eim, où ont été tués et kidnappés par le Hamas des participants au festival le 7 octobre.

(Amir Levy/ Getty Images via AFP)

Auteur(s)

Vincent Coquaz

Un texte, publié sur Facebook par un compte anonyme et qui est devenu extrêmement viral, prétendait révéler les derniers mots d’un survivant de l’attaque du Hamas.

 

«S’il te plaît, pardonne-moi.» Le texte, en hébreu, a été publié le 23 août sur Facebook dans un groupe de survivants de l’attaque du Hamas qui a visé le festival Nova le 7 octobre.

L’autrice, anonyme, se présente comme la sœur d’un survivant du massacre, qui a coûté la vie à plus de 360 personnes. «Je publie une lettre de mon petit frère, qui s’est suicidé à la suite des choses qu’il a vues», peut-on lire au début de la publication.

Lettre largement traduite

La lettre détaille ensuite comment le survivant aurait assisté au viol collectif et au meurtre d’une femme d’une balle dans la tête. Une scène qui, sans s’y conformer totalement, se rapprochait d’un autre témoignage de violences sexuelles sur les lieux du festival.

Et l’autrice de la lettre de s’adresser à cette femme, se sentant coupable d’avoir survécu et de n’avoir pas pu la sauver : «J’ai atteint le fond. Je ne peux plus vivre. Ton regard me suit tous les jours, dans la douche, dans mon sommeil, dans ma chambre. Je ne suis pas retourné travailler, je n’en étais pas capable.»

Dans les heures et les jours qui ont suivi, la publication a été largement traduite et reprise sur Facebook, mais aussi sur Instagram, TikTok et X (anciennement Twitter). Ces différents partages ont accumulé des millions de partages et de réactions. La lettre a également été relayée par certains officiels, comme l’ambassadeur d’Allemagne en Israël.

CheckNews n’a pas réussi à authentifier cette lettre anonyme, qui a depuis été supprimée du groupe Facebook où elle avait été initialement publiée.

Les différentes sources contactées n’ont en effet pas donné suite (comme l’administrateur de la page Facebook des survivants de Nova) ou ont indiqué n’avoir pas connaissance de cette histoire. C’est le cas notamment du professeur Shlomo Mendelovich, psychiatre qui a été nommé à la tête de la mission qui consiste à traiter les personnes traumatisées par le massacre du 7 Octobre.

"tout inventé"

Et pour cause : selon Adam Shafir, le responsable de l’émission israélienne Hazinor, diffusée sur Channel 13, cette lettre est intégralement «un faux». «On ne sait pas ce qui pousse les gens à inventer des choses comme cela, mais minimiser la véritable détresse des survivants et jouer avec les émotions des autres est tout simplement abominable», a-t-il commenté.

Dans l’émission, diffusée mercredi 28 août, les journalistes racontent que «d’après toutes les autorités israéliennes», la lettre ne correspond à aucune histoire réelle. Et ils ont pu échanger avec les auteurs présumés de ce faux, qui ont reconnu avoir «tout inventé».

Comme l’expliquait CheckNews, le traumatisme des survivants du 7 Octobre a déjà été l’objet de fausses informations. Ainsi, l’affirmation selon laquelle 50 survivants de Nova s’étaient suicidés, avait circulé en avril, mais ne reposait sur aucune base factuelle. Une ONG israélienne spécialisée dans la prévention du suicide, «le Chemin pour la vie», a de son côté indiqué que si certains suicides s’étaient probablement produits après l’attaque terroriste du 7 Octobre, il était encore trop tôt pour donner des chiffres et que «chaque cas est tragique».