Est-il vrai que la mortalité en France a été plus importante en janvier que lors du pire mois de l’épidémie de Covid-19 ?
Publié le mardi 11 mars 2025 à 11:16
Dans un service d'urgences hospitalières, en octobre 2024.
(Nicolas Guyonnet / Hans Lucas.AFP)
- Auteur(s)
Luc Peillon
Marqué par un fort épisode de grippe, le premier mois de l’année a été particulièrement meurtrier. Mais comparer un mois d’hiver à celui d’avril 2020, lorsque la population était confinée, n’a pas vraiment de sens.
Dans un post vu plus de 200 000 fois sur X, un internaute remarquait que la France avait enregistré plus de morts en janvier 2025 que lors du pire mois de l’épidémie de Covid-19 : «Le saviez-vous, il y a plus de morts aujourd’hui que pendant le mois le plus meurtrier de la plus terrible pandémie de l’histoire.» Et de relayer le post d’un responsable d’une entreprise d’articles funéraires, expliquant qu’il y a eu 66 800 décès en janvier, soit 9 % de plus qu’en janvier 2024, et 5 % de plus que «le mois le plus meurtrier du Covid !» Cette comparaison a été largement relayée sur les réseaux sociaux, apportant, selon beaucoup d’internautes qui la partagent, la preuve d’une supposée exagération de la gravité de l’épidémie de Covid-19.
Or c’est exact : en janvier 2025, selon les chiffres encore provisoires de l’Insee, il y a eu en France 69 970 décès, toutes causes confondues, contre 66 948 en avril 2020, l’un des mois les plus meurtriers de l’épidémie de Covid-19.
Premier point, cependant : cet internaute aurait pu noter qu’avant l’effet ressenti du confinement du 17 mars 2020, avec une dizaine de jours de décalage sur la mortalité (lié au temps d’incubation et aux soins), le pic – hebdomadaire – des décès s’est révélé plus élevé en avril 2020 qu’en janvier 2025.
Plus de mort en hiver qu’au printemps et en automne
Mais surtout, outre le vieillissement et l’augmentation de la population intervenus depuis cinq ans, comparer, en termes de mortalité, des mois différents de l’année, en l’occurrence janvier et avril, n’a pas grand sens, comme l’a rappelé notre confrère du Parisien Nicolas Berrod sur X. On meurt en effet toujours davantage en hiver qu’au printemps et en automne, et toujours plus au printemps et en automne qu’en été. Sauf, précisément, pendant l’épidémie de Covid-19, avec des mortalités exceptionnelles au printemps et à l’automne 2020, stoppés respectivement par le confinement du 17 mars et les couvre-feux d’octobre.
Il n’y a donc rien de surprenant à ce qu’un mois d’hiver, où la grippe a été particulièrement virulente comme en ce début d’année, soit plus meurtrier que le pire mois du Covid-19, dont – encore une fois – les décès ont été freinés, à l’époque, par des mesures, certes impopulaires mais assez efficaces, telles que le confinement.
On peut également noter que l’on a déjà enregistré, depuis l’épisode de Covid-19, un mois plus meurtrier encore que celui d’avril 2020 (et de janvier 2025) : celui de décembre 2022, avec 70 566 décès. Ce mois avait été marqué par un nombre encore important de décès liés au Covid-19, mais aussi par un sévère épisode de grippe, comme le relevait l’agence Santé publique France.
Le mois de janvier 2025 a ainsi été marqué par une grippe particulièrement prégnante, avec une part record depuis cinq ans de cette pathologie dans les causes de mortalité sur l’ensemble des certificats électroniques de décès (un peu moins de la moitié des certificats).