Les enfants délaissant le sport pour les écrans ont-ils «le cœur qui se rétrécit», comme le dit Amélie Mauresmo?


Les enfants délaissant le sport pour les écrans ont-ils «le cœur qui se rétrécit», comme le dit Amélie Mauresmo?

Publié le mardi 17 mai 2022 à 12:06

– Mis à jour le mardi 17 mai 2022 à 10:56

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Amélie Mauresmo lors de la présentation de Roland Garros 2022, le 16 mars dernier. 

(Stéphane Allaman / DPPI via AFP)

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Service CheckNews

A défaut d’études sur la taille du cœur des enfants sédentaires, des travaux appuient l’idée que le manque d’activité réduit leur aptitude cardiorespiratoire.

Invitée de la matinale de France Inter ce 12 mai, Amélie Mauresmo – actuelle directrice de Roland-Garros – a déclaré que : «Chez les enfants, [le sport] est très important, parce qu’il faut leur donner une habitude. Et on le voit, toutes les études récentes – avec les tablettes, avec les écrans – montrent que même le cœur se rétrécit, chez les jeunes, les très très jeunes, les enfants à l’école élémentaire. Donc il faut faire du sport.»

Sollicitée via la Fédération française de Tennis et le service presse de Roland-Garros, Amélie Mauresmo ne nous avait pas répondu, à l’heure où nous publions cet article, sur la source de cette déclaration.

L’idée d’un «rétrécissement du cœur» lié à la sédentarité a surpris les divers cardiologues, pédiatres et chercheurs sollicités par CheckNews«Affirmer que nos cœurs rétrécissent avec les appareils à écran est une affirmation sans fondement», commente ainsi Jean-Philippe Chaput, pédiatre spécialisé dans les questions d’activité physique à l’université d’Ottawa.

Un mot pour un autre

Plusieurs de nos interlocuteurs supposent qu’Amélie Mauresmo a employé un mot pour un autre, et souhaitait probablement faire référence au risque d’une perte de «capacité cardiorespiratoire» (CCR). Soit la capacité du corps à fournir de l’oxygène aux muscles pendant l’activité physique. Une CCR trop faible dans l’enfance étant corrélée à un risque plus important de problèmes de santé, notamment cardiovasculaires, à l’adolescence et à l’âge adulte.

Plusieurs études publiées dans les années 2000 sur la corrélation entre activité sédentaire (notamment le temps passé devant les écrans) et faible CCR ont produit des résultats contradictoires. Néanmoins, selon une méta-analyse publiée en 2016, qui synthétise les résultats de vingt-quatre études observationnelles, l’association entre temps d’activité sédentaire et moindre aptitude cardiorespiratoire est statistiquement significative chez les enfants et les préadolescents. Ce qui semble faire écho aux propos d’Amélie Mauresmo sur un phénomène touchant «les enfants à l’école élémentaire».

Quant aux changements cardiaques structurels (épaississement des parois du cœur) liés à une activité physique prolongée, intense et très régulière, ils sont bien documentés chez l’athlète adulte, et semblent observés, mais dans une moindre mesure, chez les jeunes athlètes. Et si des études suggèrent que des modifications structurelles plus modestes existent chez l’adulte pratiquant une activité sportive régulière en amateur, les données sur la question manquent chez l’adolescent et l’enfant.