Un participant du «convoi de la liberté» avait-il un drapeau taliban?


Un participant du «convoi de la liberté» avait-il un drapeau taliban?

Publié le jeudi 17 février 2022 à 14:55

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Des forces de l'ordre encadrent l'arrivée du "convoi de la liberté" au pied de l'Arc de Triomphe, à Paris. 

(Djoudi Hamani/Hans Lucas via AFP )

Auteur(s)

Jacques Pezet et Marie Thimonnier

Une fausse information reprise par «le Monde» et un journaliste freelance afghan affirmait qu’une voiture du «convoi de la liberté» arborait le drapeau du régime taliban sur les Champs-Elysées. Il s’agissait de l’inscription «Liberté» sur fond blanc.

Vous nous interrogez à propos d’une vidéo diffusée dans le journal de 20 heures de TF1 samedi 12 février, en marge de la manifestation du «convoi de la liberté» à Paris. La séquence montre une interpellation sur les Champs-Elysées. Un policier descend de sa voiture sérigraphiée, arme à la main, avant de la pointer sur une voiture arborant le drapeau tricolore et un drapeau blanc, avec une inscription.

Sur la vidéo partagée de nombreuses fois sur les réseaux sociaux, certains journalistes ont cru identifier sur le toit de la voiture, à côté du drapeau tricolore, la présence du drapeau du régime taliban qui a repris le pouvoir en Afghanistan en août 2021. Un drapeau blanc, avec écrit en noir la chahada, profession de foi de l’islam. Dans un article intitulé «Interrogations sur la présence d’un drapeau afghan dans le “convoi de la liberté” à Paris»le Monde écrit ainsi que «sur une vidéo où l’on voit un policier brandir son arme sur un conducteur récalcitrant, samedi 12 février, place de l’Etoile, à Paris, deux drapeaux flottent au vent au-dessus du véhicule, l’un aux couleurs de la France, l’autre à celles du régime taliban». Cette information a également été affirmée sur Twitter par le journaliste freelance Shafi Karimi, d’origine afghane. Selon lui, cette vidéo «montre un homme conduisant sur les Champs-Elysées à Paris avec le drapeau taliban sur sa voiture à côté du drapeau français.»

Inscription «LIBERTÉ»

CheckNews a analysé les différentes images montrant la voiture au drapeau suspect. En regardant la vidéo, image par image, il nous apparaît que le drapeau porte l’inscription «LIBERTÉ» et non pas la chahada ou une inscription en arabe. Sur la capture d’écran suivante, réalisée à partir du reportage de TF1, dont nous avons inversé l’image horizontalement, on distingue bien les lettres du mot «LIBERTÉ».

Capture d'écran 20h TF1

Capture d'écran JT 20H TF1

Contacté par CheckNews, le journaliste Jacques Follorou qui a rédigé l’article du Monde, précise s’être appuyé sur un tweet de l’agence de presse afghane Asvaka, avant de se rapprocher d’homologues afghans pour confirmer l’identification du drapeau taliban sur les vidéos. Dans son tweet, Asvaka décrit la scène ainsi : «Un citoyen afghan a été arrêté par la police pour avoir brandi un drapeau taliban lors d’une patrouille dans la ville française de Paris.» Face à la capture d’écran du drapeau réalisée par CheckNews, le journaliste reconnaît que «ça ne ressemble pas au drapeau taliban» et qu’il va «modifier son article»C’est chose faite. Jacques Follorou explique également avoir contacté la préfecture de police et le parquet de Paris lundi, qui ont répondu ne pas avoir identifié les couleurs du régime taliban sur la voiture.

Egalement interrogé, le journaliste Shafi Karimi indique qu’il va «corriger» son tweet.

Enquête administrative

Dimanche, la préfecture de police de Paris a annoncé l’ouverture une enquête administrative interne à la suite de la diffusion de la séquence, où le policier dégaine son arme. Sur France Info, le 14 février, Jean-Christophe Couvy, secrétaire national du syndicat SGP Police, a défendu le policier ayant braqué son arme, estimant que «le collègue a bien agi» puisque la séquence fait suite à «un refus d’obtempérer à un contrôle routier en amont. La personne freine, veut se rabattre et accélère d’un seul coup, les policiers la prennent en charge. Dès lors, ce n’est plus un contrôle banal. On ne sait pas à qui on a affaire, on ne connaît pas l’intention de la personne».

Article mis à jour le 16 février 2022, à 11h02: Shafi Karimi précise à CheckNews qu’il est journaliste freelance.

Mise à jour, le 16 février 2022, à 19h11: retrait de la mention de France 24, Shafi Karimi a réalisé des piges pour Ia rédaction InfoMigrants, un site d’information développé par France Médias Monde, la Deutsche Welle, et l’agence de presse italienne Ansa.