La santé au coeur de la désinformation


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Considérée par de nombreux médias comme un cas emblématique de mal information en santé, la page Facebook Santé + Mag publie régulièrement des conseils médicaux infondés ou sensationnalistes tout en touchant une audience très large (8,5 millions d’abonnés). Elle suscite des taux d’interactions considérables (11 millions par mois en moyenne), soit cinq fois plus que la combinaison des cinq médias traditionnels français les plus établis. Afin de mieux comprendre le succès impressionnant de cette page Facebook, 500 contenus ayant généré 6,5 millions d’interactions ont été analysés en janvier 2019 en combinant une approche de psychologie cognitive et de sociologie des médias.

D'un côté, nous avons testé si la présence d'attracteurs cognitifs sur certains contenus – par exemple ayant trait à la menace, à la sexualité ou aux relations sociales – expliquait leur succès. De l'autre, nous avons mesuré si la popularité de Santé + Mag pouvait provenir de posts phatiques (i.e. d'énoncés dépourvus de toute teneur informative mais remplissant une fonction sociale, tels que "salut, ça va" ou "bon week-end"). 

Nos résultats montrent que ce sont avec des "panneaux de citations", contenant des formules phatiques, c’est-à-dire des salutations ordinaires de la vie quotidienne ou des expressions affectueuses, telles que “Bonjour je vous offre un bon café bien chaud et un gros bisous bonne journée”, que les internautes interagissent le plus. Au final les fausses informations publiées par Santé + Mag n’étaient responsables que de 14,3% du volume total d’engagement. Et parmi ces engagements, de nombreux commentaires étaient en fait des blagues ou des remarques phatiques émises par des internautes dans le but d'interagir avec certains de leurs contacts Facebook (e.g. “t’as vu” ; “regarde” ; etc.), comme a pu le révéler une analyse réalisée sur les 4 737 commentaires des 5 posts scientifiquement infondés qui ont généré le plus d’interactions.

Lien vers la publication complète

https://www.nature.com/articles/s41599-020-0452-1

Auteurs

Manon Berriche, Sacha Altay

Référence

Berriche, M., & Altay, S., Internet users engage more with phatic posts than with health misinformation on Facebook. Palgrave Communications6(1), 1-9, 2020