Etats-Unis : Non, Obama n’a pas appelé à la censure totale des médias indépendants


Publié le lundi 5 juin 2023 à 10:12

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L'ancien président des Etats-Unis a accordé un entretien à CBS Mornings le 16 mai dernier — CBS Mornings

Auteur(s)

Lina Fourneau (20 Minutes)

Les propos ont été repris et changés par le site « The People's Voice »

Aux Etats-Unis, la liberté d’expression ne serait plus qu’un lointain souvenir… même dans la tête de l’ancien président des Etats-Unis et prix Nobel de la paix en 2009, Barack Obama. D’après une publication Facebook partagée le 25 mai dernier, l’ex chef d’Etat aurait accordé un entretien très alarmiste à CBS News deux jours plus tôt. Face à la chaîne de télévision américaine, Obama aurait déclaré : « Nous avons besoin d’une censure totale du gouvernement pour éradiquer les médias indépendants ». Le but ? « Supprimer la vérité et endoctriner les gens » en leur mentant.

Lors de l’entretien, l’ancien président aurait également alerté de la perte de contrôle des médias grand public. La seule solution serait selon lui l’intervention du gouvernement américain par « des mesures drastiques ». « Ce qui m’inquiète le plus, c’est la mesure dans laquelle nous avons maintenant une conversation divisée, en partie parce que nous avons des médias divisés, n’est-ce pas », aurait-il exulté devant le journaliste.

Mais en visionnant l’entretien de l’ancien président, aucune de ces citations n’a été prononcée lors de l’échange avec le présentateur de télévision, Nate Burleson.

FAKE OFF

Barack Obama a bien accordé un entretien à CBS News le 16 mai dernier, et non le 23 mai comme mentionne la publication. Il y fait notamment la promotion de son initiative « My Brother’s keeper » qui depuis 2014 cherche à réduire les inégalités qui frappent les jeunes hommes racisés dans de nombreuses villes des Etats-Unis.

Au cours de cet entretien d’une dizaine de minutes, l’ancien président a également été interrogé sur ses inquiétudes face à la situation actuelle des Etats-Unis. « Ce qui m’inquiète le plus, c’est la mesure dans laquelle nous avons maintenant une conversation divisée, en partie parce que nous avons des médias divisés, des médias éclatés », a-t-il répondu.

Les faits, toujours les faits

L’ancien chef de l’Etat prévient ici de la remise en question perpétuelle des faits. Selon lui, elle serait de plus en plus forte depuis quelques années. « En grandissant, nous avions trois chaînes de télévision… et les gens avaient une idée similaire de ce qui est vrai et de ce qui ne l’est pas, de ce qui était réel et de ce qui ne l’était pas. Maintenant, on dira : "ça, ce n’est pas arrivé" ou "je ne crois pas en cela" ».

« Nous pouvons être en désaccord sur la violence armée en matière de meilleures prescriptions, mais nous ne pouvons pas nier les données qui indiquent que les États-Unis ont des niveaux de violence armée qui sont cinq, dix, quinze fois plus que les autres pays », a-t-il cité comme exemple. Avant d’ajouter : « Si nous disons que c’est juste un problème de santé mentale, eh bien, ce n’est pas comme s’il n’y avait pas… de problèmes de santé mentale dans ces autres pays ». Pour l’ancien président, l’entretien est surtout une occasion de faire la promotion de sa fondation dont l’un des objectifs est de revenir à une conversation commune et apaisée.

Des propos tronqués

Or, si Barack Obama a bien souligné quelques inquiétudes face à la situation actuelle des médias et à l’importance des faits, certaines citations ont été inventées. En aucun cas l’ancien président appelle à « la censure totale du gouvernement pour éradiquer les médias indépendants » et n’a pas averti non plus de la perte du contrôle de récit par les médias grand public. Ses propos ont été détournés.

Les citations transformées ont été d’abord publiées sur le site « The People’s Voice », le 18 mai dernier. « Barack Obama : "Nous avons besoin d’une censure totale du gouvernement pour éradiquer les médias indépendants" », titrait l’article. Le chapô précise : « L’ancien président Barack Hussein Obama a exhorté le régime de Biden à déclarer une urgence nationale et à utiliser ses pouvoirs pour éradiquer tous les médias indépendants en ligne avant les élections de 2024 ».

Les publications vues sur Facebook ont finalement copié mot pour mot les déclarations utilisées dans « The People’s Voice », sans en assurer la véracité. Mais « The People’s Voice » n’est pas fiable. Depuis 2014, le site américain publie des actualités reposant sur des citations tronquées ou des fausses informations - comme dans le cas d’Obama.

Statistiques relatives à une ou plusieurs déclaration(s) fact-checkée(s) par cet article

  • URL de la déclaration : https://thepeoplesvoice.tv/barack-oba...
  • Texte de la déclaration :

    Former President Barack Hussein Obama has urged the Biden regime to declare a national emergency and use its powers to eradicate all independent media online ahead of the 2024 election.
    Speaking to CBS News on Tuesday, Obama warned that the mainstream media has lost its control over the narrative and said the only solution is for the U.S. government to step in and take drastic action.
    “The thing that I’m most worried about is the degree to which we now have a divided conversation, in part because we have a divided media, right?” Obama told Nate Burleson.
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    “I’m much older than you… when I was coming up, you had three TV stations and people were getting a similar sense of what is true and what isn’t, what was real and what was not.”
    “Today, what I’m most concerned about is because of the splintering of the media, we almost occupy different realities,” Obama said, adding “If something happens, in the past, everybody could say, all right, we may disagree on how to solve it, but at least we all agree that, yeah, that’s an issue.”
    Infowars.com reports: Obama further complained that in this day and age some people refuse to believe media narratives.
    “Now people will say, well, that didn’t happen, or I don’t believe that,” he complained, asserting that “one of, I think, the goals of the Obama Foundation, and one of the goals of my post-presidency, is how do we return to that common conversation? How can we have a common set of facts?”
    Obama went on to talk about gun control as an example of one issue he wants to see Americans accept a “common set of facts” on.
    “We may disagree on gun violence in terms of what the best prescriptions are, but we can’t deny the data that says the United States has levels of gun violence that are 5, 10, 15 times more than other countries,” he stated, adding “So if we say it is just a mental health problem, well, it’s not like there aren’t people with mental health problems in those other countries. What’s the difference? This is probably the difference. Now, we can have a debate. But at least we’ve agreed on some facts.”
    Watch:
    Is Obama concerned that the ‘reality’ we occupy is no longer forged by what the establishment media and their NFL players/comedians/entertainers turned ‘reporters’ are bought to push as the case by their corporate sponsors?
    As the interview went on, Obama cited Australia as a model of gun control, noting that in that country there was “one mass shooting 50 years ago and they said, we’re not doing that anymore,” before outlawing all firearms.
    “That is normally how you would expect a society to respond when your children are at risk,” Obama declared.
    Many viewers refused to accept that ‘common set of facts’:

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