Sécheresse : Oui, les golfs bénéficient bien de dérogations pour arroser leurs greens


Publié le lundi 8 août 2022 à 11:02

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Les greens de golf peuvent être arrosés malgré la sécheresse

(Christiaan Kotze / AFP)

Auteur(s)

Romarik Le Dourneuf (20 Minutes)

Les golfs bénéficient de l’accord-cadre signé entre la fédération et le ministère de la Transition écologique en 2019

Les golfeurs vont pouvoir battre le fer même s’il est chaud. Alors que les 96 départements de la France métropolitaine sont désormais concernés par le « plan sécheresse » qui entraîne une restriction au-delà de la simple vigilance, de nombreux élus et internautes s’indignent d’une écologie de classe qui serait appliquée par le gouvernement.

La cause ? Pendant que l’arrosage des espaces verts est interdit dans les départements en « alerte » (niveau jaune) ou que l’irrigation des cultures est interdite dans les départements classés « crise » (niveau rouge), de nombreux internautes et élus font remarquer que les terrains de golf bénéficieraient d’une dérogation, au sens d’autorisation spéciale, leur permettant d’arroser leurs greens, même au niveau le plus important de sécheresse.

Parmi eux, Eric Piolle, maire (EELV) de Grenoble, fait remarquer que même « lorsqu’on ne peut plus rien arroser, on peut toujours arroser les greens de golf ». Une « aberration » pour beaucoup au regard des 700 terrains, soit 33.000 hectares, revendiqués par la Fédération française de golf.

Une exception qui favoriserait les riches, réputés pour être plus souvent adeptes que le reste de la population, au regard des coûts inhérents à la pratique de ce sport.

FAKE OFF

Le ministère de la Transition écologique a publié, en juin dernier, un guide de mise en œuvre des mesures de restriction des usages de l’eau en période de sécheresse pour orienter les départements dans la gestion des activités consommatrices d’eau. Irrigation des cultures, arrosage d’espaces verts, remplissage de piscines privées ou publiques, lavage de véhicules ou de façade… Tout y est spécifié en fonction du niveau d’alerte appliqué dans les départements, de vigilance à crise. Un volet y est bien consacré à l’arrosage des golfs pour les particuliers, les entreprises et les collectivités.

Petite précision pour les non initiés avant de détailler ces restrictions : Le « départ » est un espace couvert d’herbe assez rase et d’une superficie d’approximativement 10 m2, le plus souvent surélevé, d’où est tiré le premier coup. Le « green » est la zone de gazon tondu ras, de forme plus ou moins circulaire ou parfois en forme de haricot, où se trouve le trou. Entre les deux se trouve le « fairway », une étendue d’herbe mesurant généralement, entre 100 et 500 mètres de longueur.

En alerte « crise », seuls les greens peuvent être arrosés

Ainsi, si pour le niveau « vigilance », une simple sensibilisation est requise, l’affaire se corse pour les niveaux suivants. Au niveau « alerte », le guide requiert une interdiction d’arroser les terrains de golf de 8 heures à 20 heures de façon à diminuer la consommation d’eau sur le volume hebdomadaire de 15 à 30 %. Un registre de prélèvement devra être rempli hebdomadairement pour l’irrigation.

Extrait du guide des restrictions en cas de sécheresse.

Extrait du guide des restrictions en cas de sécheresse. - Capture d'écran

Pour le niveau « alerte renforcée » impose une réduction des volumes d’au moins 60 % par une interdiction d’arroser les fairways sept jours sur sept et une interdiction d’arroser les terrains de golf à l’exception des « greens et départs ». Enfin le niveau maximum, « crise », impose une interdiction d’arroser les golfs. Mais les greens pourront toutefois être préservés, sauf en cas de pénurie d’eau potable par un arrosage réduit au strict nécessaire entre 20 heures et 8 heures du matin et qui ne pourra représenter plus de 30 % des volumes habituels.

Les détracteurs de ces autorisations disent vrai lorsqu’ils parlent d’avantages, car au niveau « crise », beaucoup d’autres activités se voient frappées d’une interdiction pure et simple. C’est le cas de l’irrigation des cultures, de l’arrosage des espaces verts et même l’arrosage des terrains de sport (à l’exception des terrains concernés par des compétitions à enjeu national ou international), facilement comparables à la pratique du golf.

Une activité très gourmande en eau

Le guide précise que ces autorisations (ou interdictions selon le côté duquel on se place) suivent l’accord-cadre « Golf et environnement 2019-2024 » signé entre le ministère de la Transition écologique et la fédération, visant à développer une gestion durable de la ressource en eau, une réduction progressive de l’impact sur la ressource des prélèvements pour l’arrosage des golfs, une réduction des produits phytopharmaceutiques et la préservation de la biodiversité.

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Il faut dire que taper la petite balle blanche est une activité particulière gourmande en eau puisqu’un rapport de 2003 du Sénat évalue la consommation annuelle d’un golf à 3.800 m3 par hectare. Selon nos confrères de Consoglobe, un parcours fait en moyenne 40 hectares, ce qui revient à la consommation d’eau annuelle d’une ville de 7.000 habitants.

Ces autorisations seraient justifiées, selon les propriétaires de golf, par le coût exorbitant des greens. C’est l’Office français de la biodiversité, et sa « police environnement » qui est chargé des contrôles. Les contrevenants encourent des amendes allant jusqu’à 7.500 euros.

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