Voitures électriques : Non, ceci n’est pas une mine de lithium


Voitures électriques : Non, ceci n’est pas une mine de lithium

Publié le vendredi 12 mai 2023 à 14:59

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Emilie Jehanno (20 Minutes)

Un montage viral reprend l'image d'une mine de cuivre aux Etats-Unis pour dénoncer l'usage du lithium dans les voitures électriques

Le montage viral refait régulièrement surface sur les réseaux sociaux. Et veut souligner qu’une voiture électrique est moins propre ou “verte” qu’une voiture thermique. Deux photos montreraient, d’après leur légende, en premier, « un pipeline fraîchement terminé », illustré par un chemin verdoyant au cœur d’une forêt. En dessous, une deuxième photo affiche un paysage ravagé par une mine, y est indiquée « une mine de lithium pour ta Tesla », le lithium étant un métal essentiel utilisé dans les batteries de voitures électriques, mais aussi les ordinateurs ou téléphones portables.

Une mine de lithium ? Non, une mine de cuivre aux Etats-Unis.

Une mine de lithium ? Non, une mine de cuivre aux Etats-Unis. - Capture d'écran/Facebook

Un constat accablant ? Pas si sûr, car en effectuant une recherche par image inversée, il est certain qu’une des photos ne correspond pas à sa légende (nous n’avons pas trouvé d’occurrence pour l’autre photo).

FAKE OFF

Ainsi, ce qui est présenté comme une mine de lithium est, d’après une recherche par image inversée, une mine de cuivre aux Etats-Unis, exploitée par l’entreprise Kennecott, appartenant au géant minier anglo-australien Rio Tinto. La mine est située sur le site du Bingham Canyon dans la région de Salt Lake City dans l’Utah. L’image a été repérée sur le site Viator, appartement à TripAdvisor, et proposant des excursions touristiques en ligne. C’est « une des plus grandes mines de cuivre à ciel ouvert au monde », vante Viator.

En comparant les images sur le site de Rio Tinto, on peut reconnaître la présence des montagnes Oquirrh en arrière-plan. Sur le site Viator, on distingue aussi l’immense lac salé, le Great Salt Lake, qui a donné son nom à la ville, et est situé derrière les montages (ce qui est vérifiable sur Google Maps).

Captures d'écran du site de Viator et de Rio Tinto, qui permettent de voir que ce qui est présenté comme une mine de lithium correspond à la mine de cuivre Kennecott, près de Salt Lake City dans l'Utah.

Captures d'écran du site de Viator et de Rio Tinto, qui permettent de voir que ce qui est présenté comme une mine de lithium correspond à la mine de cuivre Kennecott, près de Salt Lake City dans l'Utah. - Captures d'écran Viator/Rio Tinto/Montage : 20 Minutes

Ouverte depuis 1903, cette mine exploite principalement du cuivre, et aussi de l’argent et de l’or. Précision : le cuivre, qui est un conducteur thermique et d’électricité, est aussi utilisé dans la fabrication de véhicules électriques tout comme des thermiques. Des mines de lithium à ciel ouvert existent bel et bien : il est possible de voir celle d’Arcadia, au Zimbabwe, moins impressionnante certes que celle de l’Utah, sur le site du média Jeune Afrique.

« Le véhicule propre n’existe pas »

Le problème des ressources en matières premières est fréquemment avancé contre le développement des véhicules électriques, une réalité qui n’est pas ignorée de ceux qui le défendent. « Le véhicule propre n’existe pas », nous a expliqué en juin dernier Pierre Lefaivsle, responsable transports du Réseau action climat. Ce groupe d’associations défend l’électromobilité pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, sous certaines conditions. Comme diminuer la taille du parc automobile, garantir l’aspect soutenable et environnemental des filières de la conception au recyclage ou d’assurer la transparence des filières d’extraction.

Pour autant, « un véhicule électrique pollue trois à cinq fois moins qu’un véhicule thermique », a aussi rappelé Pierre Lefaivsle. Pour l’affirmer, il s’appuie sur l’outil d’analyse du cycle de vie (de la production à l’énergie nécessaire pour faire rouler le véhicule) qu’a développé l’association Transport et Environnement et qui permet de comparer les émissions de CO2 entre véhicules thermiques et électriques. Par exemple, même en Pologne, qui présente l’approvisionnement en électricité le plus polluant de l’UE, les véhicules électriques émettent 22 % de CO2 de moins que les voitures à essence, a indiqué en 2021 l’association Transport et environnement.

Or, diminuer les émissions de CO2, gaz à effet de serre généré par l’activité humaine et responsable de ce dérèglement – avec le méthane, est capital. Dans le monde, le secteur des transports est le deuxième secteur émetteur de CO2, c’est le premier en France, selon l’édition 2021 des Chiffres clés du climat France, Europe et Monde, publié par le Service des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique.

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