Attention à ces publications minimisant à tort l'impact du CO2 sur la planète


Attention à ces publications minimisant à tort l'impact du CO2 sur la planète

Publié le jeudi 4 mai 2023 à 17:34

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Vue de Pékin, 9 janvier 2007

(FREDERIC J. BROWN / AFP)

Auteur(s)

Anna HOLLINGSWORTH / AFP France / AFP Suède

 Le dioxyde de carbone est l'un des principaux gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique, une réalité qui fait l'objet d'un large consensus scientifique mais qui est régulièrement remise en cause dans les sphères climatosceptiques. Ainsi une publication particulièrement virale depuis mi-avril sur les réseaux sociaux minimise l'impact négatif du CO2. C'est faux : le rôle majeur du CO2 d'origine humaine dans le changement climatique a été démontré et ses effets néfastes sont eux d'ores et déjà visibles. Son effet positif sur la croissance des plantes est quant à lui en trompe l'oeil.

"La légende du CO2 des guignols.... 0,04% de l'air", "ils n'ont AUCUN argument pour nous expliquer qu'une hausse du CO2 qui représente 0,04% de l'atmosphère terrestre, peut réchauffer celle-ci" : depuis mi avril, plusieurs publications (ici, ici ou ici) sur les réseaux sociaux reprennent l'antienne des sphères climatosceptiques selon laquelle l'impact du CO2 sur le changement climatique ne peut être que minime compte tenu de la proportion de dioxyde de carbone dans l'atmosphère.

Ces publications s'alarment également de l'impact de la lutte contre les gaz à effet de serre sur les plantes qui selon elles ont besoin de dioxyde de carbone pour leur croissance. "Le Co2 représente 0,04 de l'atmosphère. Les plantes ont besoin de Co2", peut-on lire. 

Attention : si la concentration de CO2 dans l'atmosphère est bien de 0,04%, laisser entendre que ce niveau est négligeable et in fine trop faible pour avoir une incidence sur le climat est faux. La communauté scientifique s'accorde en effet à dire que c'est précisément l'augmentation des émissions de dioxyde de carbone causée par l'activité humaine qui a fait augmenter les températures dans le monde au cours du siècle dernier. 

Revenons au chiffre de 0,04%. Cette quantité mentionnée dans les publications est exacte et correspond aux quantités mesurées par la NASA (archive). Selon l'agence spatiale américaine, la concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère est précisément de 0,0407%.

Ce chiffre a été repris par Doug Lamalfa, élu républicain au Congrès américain, devant la commission Transports et Infrastructure de la Chambre des représentants le 28 mars 2023 (archive), dans une intervention devenue virale sur les réseaux sociaux et reprise par des comptes climato-sceptiques comme la preuve d'une exagération des scientifiques sur l'impact négatif du CO2 sur la planète.

Une lecture erronée, mettent en garde les spécialistes. 

Parler de 0,04%, "c'est vrai, mais ça ne veut rien dire" en soi, avait expliqué le 8 août 2022 Gerhard Krinner, directeur de recherche CNRS à l'Institut des géosciences de l'environnement. "C'est très peu car l'air contient pratiquement 80% d’azote et 20% d’oxygène".

Le problème, c'est l'augmentation de la concentration en C02, principal gaz à effet de serre, qui emprisonne la chaleur, et si on regarde la tendance sur le long terme, c’est une hausse de presque "50%", précise-t-il.

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Graphique expliquant l'effet de serre, qui contribue au réchauffement de la planète

AFP

Sous l'effet de l'activité humaine, la quantité de dioxyde de carbone dans l'atmosphère a en effet augmenté d'environ 50% depuis le début de l'ère industrielle au 18ème siècle, provoquant dans son sillage une intensification de l'effet de serre. 

En mai 2022, la barre des 420 parties par million (ppm), unité de mesure utilisée pour quantifier la pollution dans l'air, a été franchie, selon l'agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) (archive). En mai 2021, ce taux était de 419 ppm, et en 2020, de 417 ppm. La dernière mesure prise en mars 2023 fait état de 421 ppm.

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Vue de la rive partiellement asséchée du Danube, en Hongrie, le 28 juillet 2022

AFP

Les effets néfastes du changement climatique sont quant à eux déjà très documentés et risquent de s'aggraver si la tendance au réchauffement se poursuit. Selon un rapport (archive) de l'Organisation météorologique mondiale publié en 2021, le nombre de catastrophes a été multiplié par cinq au cours des cinquante dernières années, en raison du changement climatique et de conditions météorologiques plus extrêmes. 

Le dernier rapport (archive) du GIEC prévoit lui un renforcement des conséquences du changement climatique, déjà observées depuis plusieurs années, si le changement climatique se poursuit au même rythme qu'aujourd'hui.

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La réserve nationale "Bois des Géants" à Libreville, au Gabon, le 28 février 2023

AFP

Quid de l'effet positif du CO2 sur les plantes évoqué dans les publications? L'utilisation par les plantes du CO2 pour produire des glucides et de l'oxygène par le biais de la photosynthèse est une réalité scientifique connue depuis longtemps. Grâce à ce processus, les plantes fixent le carbone de l'air dans leurs feuilles, leurs tiges et leurs racines, créant ainsi des puits de carbone naturels où le carbone est stocké. L'augmentation des niveaux de CO2 dans l'atmosphère peut donc bien, dans une certaine mesure, stimuler la croissance des plantes. 

Mais selon une étude de 2016archive ) si la Terre est devenue plus verte en raison de l'augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère, l'effet fertilisant va diminuer avec le temps, les plantes étant confrontées à des limitations en nutriment.

Un article du  Scientific American allait plus loin en estimant que les conséquences négatives des températures plus chaudes, telles que la sécheresse, étaient susceptibles de "supprimer tous les avantages directs que l'augmentation du CO2 pourrait offrir". Une étude de 2016 publiée dans Nature Climate Change révélait pour sa part que des températures plus élevées affecteraient négativement le rendement des cultures des aliments de base mondiaux tels que le blé.

L'origine humaine du changement climatique est régulièrement remise en question sur les réseaux sociaux. L'AFP a déjà démystifié des affirmations erronées prétendant ce n'est pas l'activité humaine mais le soleil ou les modifications de l'orbite terrestre qui sont responsables du réchauffement climatique. 

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