Attention, cette vidéo n'a pas été tournée en banlieue parisienne mais en Ouzbékistan en mai 2023
Attention, cette vidéo n'a pas été tournée en banlieue parisienne mais en Ouzbékistan en mai 2023
Publié le lundi 3 juillet 2023 à 11:57
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Bénédicte REY / AFP France
Après la mort près de Paris de Nahel le 27 juin, un adolescent de 17 ans tué par un policier, les violences urbaines continuent d'agiter la France, notamment la région parisienne, ravivant le spectre d'un embrasement généralisé comme en 2005. De nombreuses vidéos sur des heurts, des incendies ou des scènes de pillages dans plusieurs villes de France circulent sur les réseaux sociaux. L'une d'entre elles montre une impressionnante explosion intervenue, selon les internautes qui la partagent, dans la nuit du 29 au 30 juin en banlieue de la capitale. Cette vidéo est en fait plus ancienne: une recherche d'image inversée permet d'établir qu'elle a été tournée en mai 2023 lors d'une explosion due au gaz en Ouzbékistan.
"Explosion à Créteil", affirme cet internaute, dans une vidéo vue plus de 11.600 fois sur Tik Tok. La vidéo, virale, est diffusée par de nombreux autres utilisateurs de réseau social, qui ne précisent pas sa localisation mais la relie toujours aux émeutes en cours en France (ici, ici ou ici).
La même vidéo circule sur Twitter, dans un message retweeté 200 fois ou sur Facebook dont cet utilisateur localise cette fois l'explosion à Clichy.
Si de nombreuses images ont circulé sur les réseaux de heurts, incendies ou pillages dans plusieurs villes de France, celle-ci a néanmoins été décontextualisée.
Une explosion en mai 2023 en Ouzbékistan
Une recherche d'image inversée - procédé qui permet de retrouver les précédentes utilisations d'une image sur internet - montre que cette vidéo circulait déjà avant le début des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, le 27 juin 2023.
La vidéo a été publiée la première fois le 10 mai 2023 par plusieurs médias, dont la chaîne de télévision turque TRT (vidéo ci-dessous), qui explique qu'il s'agit de l'explosion d'une station de gaz naturel liquéfié en Ouzbékistan le 9 mai.
Plusieurs vidéos de la même explosion ont été postées sur la messagerie Telegram le 10 mai 2023 à 07H44 (ici et ici). Sur les captures d'écran ci-dessous, on reconnaît la même forme de boule de feu (encadrée en rouge) que dans les vidéos prétendument tournées en France le 29 juin, ainsi que le même bâtiment au premier plan (encadré en jaune).
Le 10 mai 2023, d'autres médias, dont le quotidien ouzbèke The Tashkent Times ou le média britannique Daily Express ont publié des articles reprenant des captures d'écran de cette vidéo.
"Un violent incendie s'est déclaré le soir du 9 mai dans une station de remplissage de gaz située près de l'entreprise d'approvisionnement en gaz dans le district de Pakhtachi de la province de Samarcande. Cela a entraîné une explosion, qui a été capturée dans de nombreuses vidéos circulant sur les réseaux sociaux", écrivait The Tashkent Times. Une personne a été blessée dans l'accident.
Plusieurs nuits de violences en France
Le gouvernement a annoncé (lien archivé ici) le 30 juin le déploiement de blindés de la gendarmerie pour tenter d'enrayer le cycle des violences, pillages et destructions qui agitent de nombreuses villes du pays depuis le décès quatre jours plut tôt du jeune Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier.
Saisi par une vidéo amateur, le tir à bout portant d'un motard de la police sur l'adolescent de 17 ans lors d'un contrôle routier à Nanterre, a embrasé de nombreux quartiers populaires du pays.
Des écoles et des édifices publics ont été la cible de la colère de jeunes habitants des quartiers populaires et incendiés dans de multiples villes de France, rappelant les émeutes qui avaient embrasé la France en 2005 après la mort de deux adolescents poursuivis par la police.
Malgré l'arrestation de 875 personnes dans la nuit du 29 au 30 juin, 492 bâtiments ont été visés, 2.000 véhicules brûlés et des dizaines de magasins pillés, notamment en plein cœur de Paris.
Emmanuel Macron a appelé "tous les parents à la responsabilité", critiquant l'"instrumentalisation" de la mort de Nahel et demandant aux réseaux sociaux le "retrait" de contenus et l'identification d'utilisateurs liés à ces violences urbaines.
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