Ce test est imposé aux recrues indiennes à la recherche de pathologies, pas pour déceler les transgenres


Ce test est imposé aux recrues indiennes à la recherche de pathologies, pas pour déceler les transgenres

Publié le jeudi 30 novembre 2023 à 17:23

67423196d335630c09a941af7e2b602d95357b04-ipad.jpg

Auteur(s)

AFP Inde / AFP France

Le nombre de personnes transgenres en Inde est estimé à plusieurs centaines de milliers et sont officiellement reconnues par les autorités. Des publications très partagées sur les réseaux sociaux depuis plusieurs semaines montrent des photos d'hommes en sous-vêtements se faire palper la zone des testicules par un militaire et affirment que l'armée, face au nombre de transgenres, les examine ainsi pour vérifier qu'ils "sont nés hommes". Mais cette palpation est en réalité un examen médical classique destiné notamment à rechercher des pathologies comme par exemple de possibles cancers.

"Trop de transgenres en Inde... L'Armée indienne vérifie que ses futurs soldats sont bien des hommes", affirme un internaute sur Facebook (archivé ici), en publiant le 20 septembre 2023 une vidéo tirée de TikTok où l'on voit un homme en tenue militaire palper de ses mains gantées l'entrejambe de plusieurs hommes alignés en sous-vêtement.

Cette vidéo et des messages similaires ont été partagés sur Facebook (ici), ou sur X (ici en anglais), et, donc, sur TikTok (ici).

d6961d3110f24f16c0c5eee9e37e70be74b751b6-ipad.jpg

 

Capture d'écran Facebook réalisée le 24 novembre

 

Une recherche par image inversée à partir d'un plan de la vidéo permet de retrouver d'en très nombreuses occurrences, avec des légendes différentes. Certaines affirmant donc qu'il s'agit d'une détection des transgenres, d'autres qu'il s'agit d'un examen médical, certaines se contentant de trouver cela cocasse.

c170efe3fe71d2d6221c9b8c21b19b7e0bb20ef6-ipad.jpg

 

Capture d'écran Google Lens réalisée le 24 novembre 2023

 

En faisant une recherche par mot clés "Indian army testing testicles", il est possible de trouver plusieurs vidéos similaires comme celle publiée sur YouTube par le compte "Indian army fans" le 1er avril 2022 (archivé ici), qui permettent de constater que la vidéo montre bien une pratique de l'armée indienne.

Sollicité par l'AFP à New Delhi, un porte-parole de l'armée, le colonel Sudhir Chamoli a expliqué que "ce test est effectué pour vérifier le gonflement du scrotum ou tout autre type de gonflement" et ainsi détecter d'éventuelles maladies.

03cb60592764e0ba6caa900196e2dff1eb4bbe03-ipad.jpg

 

 

Sollicitée par l'AFP, la division "santé de Défense" du Service de santé des armées (SSA) françaises explique que "parmi les actions de prévention en santé publique mises en place durant le service national [le début de la conscription remonte à 1798 rappelle le site vie publique, NDLR], le service médical des armées profitait de cette occasion pour réaliser un examen de dépistage", dont l'objectif était "vérifier que les testicules étaient bien descendus, et l'absence de masse scrotale"

Chez les jeunes garçons, les testicules doivent descendre prendre leur place dans les bourses pendant l'enfance, comme l'explique le site de l'assurance maladie Ameli. Quant à la masse scrotale, elle peut être le symptôme de différentes pathologies, comme le résume le site belge infosante, soutenu par l'institut national d'assurance maladie.

"Encore aujourd'hui, pour s'engager dans l'armée, le candidat doit obligatoirement passer une visite médicale devant un médecin militaire", explique le SSA. Il s'agit d'un examen "standardisé, complet et exhaustif, guidé par l'interrogatoire". Il implique notamment un "dépistage de certains facteurs de risques, comme le cancer des testicules chez les hommes jusqu'à l'âge de 25 ans". Une détection qui se fait avec l'accord de la personne. "On explique toujours pourquoi on va le faire. C'est un acte simple, anodin et performant. Il vise à sauver des vies".

La Fondation pour la recherche contre le cancer (ARC) confirme que "les jeunes sont les plus touchés" et qu'il s'agit du "cancer le plus fréquent chez l'adulte jeune (15-35 ans)".

Quant à l'intégration des personnes transgenres dans l'armée indienne, la situation est en train d'évoluer, selon des informations de presse. Les autorités indiennes ont approuvé en 2019 un texte garantissant les droits des personnes transgenres ("The transgender persons (protection of rights) act").

En conséquence de ce texte, les forces armées indiennes sont en train de réfléchir à l'emploi des personnes transgenres au sein de l'institution, selon un article du 14 novembre 2023 du journal Indian Express (archivé ici).

Lors du recensement de 2011, près de 500.000 personnes se sont officiellement identifiées comme transgenre, la justice indienne a reconnu leur existence en temps que troisième genre en 2014.  En octobre 2023, la Cour suprême a refusé de statuer sur le mariage homosexuel, douchant les espoirs des militants d'obtenir cette reconnaissance, à laquelle le gouvernement indien est opposée (archivé ici).

Pour autant, les personnes LGBT souffrent de nombreuses discriminations en Inde, dans leur vie privée et leur vie professionnelle, comme l'illustre cet article du Times of India (archivé ici).

Les personnes LGBT sont souvent des cibles sur les réseaux sociaux, soit objet de moqueries, soit de campagnes de désinformation, comme ici par exemple ici aux Etats-Unis ou ici sur le continent africain.

 

Statistiques relatives à une ou plusieurs déclaration(s) fact-checkée(s) par cet article

© AGENCE FRANCE-PRESSE | 2024 | Tous droits réservés. L’accès aux contenus de l'AFP publiés sur ce site et, le cas échéant, leur utilisation sont soumis aux conditions générales d'utilisation disponibles sur : https://www.afp.com/fr/cgu. Par conséquent, en accédant aux contenus de l’AFP publiés sur ce site, et en les utilisant, le cas échéant, vous acceptez d'être lié par les conditions générales d'utilisation susmentionnées. L’utilisation de contenus de l'AFP se fait sous votre seule et entière responsabilité.