Cette vidéo d'un tsunami destructeur au Japon date de 2011
Publié le mercredi 3 janvier 2024 à 12:01
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Juliette MANSOUR / AFP France
Après qu'un séisme a frappé le Japon le 1er janvier 2024, de nombreuses images ont circulé sur les réseaux sociaux. Une vidéo publiée le même jour montre notamment un tsunami déferler sur une ville japonaise, emportant piétons, véhicules et bâtiments sur son passage. Mais cette vidéo était déjà partagée dès 2011 par l'AFP, et a été prise en mars cette année-là, lors d'un séisme de magnitude 9 suivi d'un tsunami géant sur les côtes nord-est du pays qui avait entraîné l'accident nucléaire de Fukushima et fait 20.000 morts et disparus. Si le séisme du 1er janvier a tué au moins 48 personnes, selon un bilan provisoire, et provoqué de nombreux dégâts, il n'a engendré qu'un tsunami de faible ampleur et circonscrit aux côtes ouest de la péninsule.
Une course contre la montre est lancée au Japon pour retrouver des survivants après le séisme qui a ravagé le 1er janvier la péninsule de Noto, dans le centre du pays, et tué 48 personnes selon un bilan provisoire.
Dans ce contexte, de nombreuses images ont circulé en ligne pour montrer le séisme et ses dégâts.
Parmi ces images, une vidéo de 29 secondes montrant un tsunami déferler sur une ville japonaise et emportant des personnes n'ayant pas eu le temps de se mettre à l'abri, ainsi que des véhicules a été relayée de manière virale.
"Maisons et routes détruites, les gens fuient les vagues puissantes - les conséquences du tremblement de terre et du tsunami au Japon ", écrit le compte RussieInfos sur le réseau social X (ex-Twitter) le 1er janvier 2024.
Cette vidéo a été partagée par un autre compte en français le même jour avec la légende "dinguerie après séisme tsunami #priezpourleJapon" , mais aussi dans de nombreuses autres langues.
Ces images publiées le jour de la catastrophe laissent croire qu'il s'agit des images du tsunami ayant suivi le séisme du 1er janvier 2024. Pourtant, cette vidéo est ancienne.
Une vidéo de 2011
Sur les images figure, en haut à gauche une inscription en japonais, et à droite les chiffres "3/11/2011".
En se penchant d'abord sur les chiffres, l'AFP a cherché les mots-clés "Japon" et "3/11/2011". Des articles apparaissent en résultats, évoquant un précédent séisme, survenu le 11 mars 2011 (soit la date 3/11 au format anglais ou 11/3 en format français).
Ce jour-là, un séisme de magnitude 9,0 sur l'échelle de Richter (archive ici), l'un des plus violents tremblements de terre jamais enregistrés dans le monde, secouait les profondeurs de l'océan Pacifique, suivi d'un tsunami géant sur les côtes nord-est du pays. La catastrophe avait fait quelque 20.000 morts et disparus.
Ce désastre avait aussi entraîné l'accident nucléaire de Fukushima, le pire depuis celui de Tchernobyl en 1986.
Pour lire la seconde inscription en japonais qui figure cette fois en haut à gauche de la vidéo partagée en ligne, il est possible d'utiliser Google Translate qui permet de scanner des caractères qui ne sont pas en français grâce à l'appareil photo de son smartphone. L'outil traduit les idéogrammes, révélant le texte "photographe : Takahiro Yamaguchi".
En cherchant le nom de ce photographe, une vidéo publiée en 2013 sur Youtube avec les mêmes images de meilleure qualité et une séquence beaucoup plus longue de 10 minutes (archivée ici) apparaît sur la chaîne d'un site japonais d'actualité "FNN".
La légende en japonais et en anglais indique : "Une vidéo du tsunami déferlant sur la ville de Kamaishi, préfecture d'Iwate. M. Takahiro Yamaguchi, un habitant de la ville de Kamaishi, a filmé la vidéo. Vers 15h25, soit environ 40 minutes après le séisme, la rue devant le deuxième bâtiment de la mairie de Kamaishi (3-chome Tadakoe-cho, ville de Kamaishi) est en panique à l'annonce de l'arrivée du tsunami. M. Yamaguchi se joint aux personnes qui courent pour se réfugier sur un terrain surélevé de l'hôtel de ville (...) Un torrent se déverse vers l'avant du bâtiment, et les gens crient 'Courez !'. M. Yamaguchi court encore plus haut, près de l'entrée du premier bâtiment de la mairie (en construction à l'époque) et arrête de filmer. Dans cette séquence, figurent les dernières images d'un homme (81 ans) et d'une femme (59 ans) décédés à cause du tsunami".
A l'aide de ces informations, l'endroit depuis lequel a été filmée la vidéo est reconnaissable sur Google Maps, situé devant l'hôtel de ville de Kamaishi (archive ici).
En remontant le temps jusqu'à octobre 2011, soit après le séisme, il est possible de reconnaître le relief montagneux (encadré en rouge), le bâtiment blanc en arrière-plan (en vert), et l'encadrement de porte d'un bâtiment en brique qui a été détruit depuis.
Les images d'octobre montrent les dégâts provoqués par la catastrophe, l'intérieur de l'immeuble en brique est encore plein de décombres et les immeubles sont très abîmés, sept mois après.
D'autres images prises deux ans après du même emplacement, en juin 2013, toujours sur Google Maps, montrent que le bâtiment en brique a depuis été détruit et laisse aujourd'hui place à un grand parking (archive ici).
L'AFP avait déjà publié les mêmes images deux ans plus tôt, dans ses archives en septembre 2011, puis sur Youtube le 27 décembre 2011 (archive ici) dans un sujet vidéo expliquant qu'environ "20 millions de tonnes de débris" du séisme arrivaient alors sur les côtes canadiennes et américaines.
En mars 2011, de nombreux autres médias et internautes avaient également diffusé les images de la vague en train de déferler sur le port de Kamaishi et de ravager la ville. Des images prises depuis d'autres points de vue montrent les mêmes bâtiments que ceux de la vidéo qui a été partagée en ligne, comme dans cette vidéo du compte "Japan Tsunami Archives" à 3'20.
Désinformation en série après le séisme
Après le séisme du 1 janvier, de nombreuses images décontextualisées ou appels aux dons frauduleux ont été partagés, poussant même la télévision publique japonaise (NHK) à mettre en garde contre "les fake news qui circulent en cette période de catastrophe alors que les gens cherchent à s'informer" alors que l'archipel nippon est hanté par le souvenir du terrible séisme de 2011.
"Cela pourrait semer la confusion dans les zones sinistrées et entraver les opérations de sauvetage", a regretté NHK dans un communiqué publié le jour du séisme.
Survenu le 1er janvier à 16h10 (07h10 GMT), ce tremblement de terre, le plus puissant parmi plus de 200 secousses importantes ressenties jusqu'au matin du 2 janvier, a été enregistré à une magnitude de 7,5 selon l'Institut américain de géophysique (USGS) et de 7,6 selon l'agence météorologique japonaise (JMA).
Ressenti jusqu'à Tokyo, à 320 km à vol d'oiseau de Noto, il a aussi causé des dégâts matériels considérables et un tsunami sur les côtes de la mer du Japon, à l'ouest, contrairement à 2011 où le tsunami avait frappé à l'est. Ce tsunami est finalement resté de faible ampleur, des vagues de 1,2 mètre de haut maximum ayant été mesurées.
Le niveau de risque de tsunami, qui avait initialement déclenché une rare alerte maximale de la JMA, a ensuite été rétrogradé en soirée puis définitivement levé le 2 janvier.
Statistiques relatives à une ou plusieurs déclaration(s) fact-checkée(s) par cet article
- URL de la déclaration : https://twitter.com/RussieInfos/statu...
- Texte de la déclaration :
⚡️Maisons et routes détruites, les gens fuient les vagues puissantes - les conséquences du tremblement de terre et du tsunami au Japon
Après les tremblements de terre, plus de 35 000 maisons dans le centre du pays se sont retrouvées sans électricité. Les forces d'autodéfense./⬇️
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