"Notre industrie nucléaire est un fleuron et une fierté. Elle nous permet aussi d'être l'une des nations les plus éco-exemplaires du G20", a affirmé sur X (ex-Twitter), la formation politique le 11 septembre (archivé ici), publiant en soutien de cette affirmation un graphique dont les données sont attribuées à "Ember's global electricity review 2023". Le parti a ensuite retiré son message.

Le sommet du G20 en Inde,  s'était achevé la veille, le dimanche 10 septembre.

Comme certains utilisateurs du réseau social l'avaient souligné avant que Renaissance n'efface sa publication, le graphique n'est pas pertinent pour soutenir cette affirmation puisque le graphique ne concerne que les émissions dues au charbon.

En effet, selon la publication de Renaissance, la source des données du graphique, le "Ember's global electricity review 2023", (archivé ici). Comme son nom l'indique, il concerne la production d'énergie électrique. 

Le "rapport a pour objectif de fournir la vision la plus transparente et à jour des changements en cours dans la production d'électricité mondiale et un résumé crédible pour voir à quel point la transition électrique est 'sur les rails' pour limiter le réchauffement mondial à 1,5 degré" Celsius, peut-on lire sur le site.

Cette étude ne tient donc pas compte des nombreuses autres activités humaines génératrices d'émissions, comme le transport, la construction, l'agriculture, entre autres.

L'AFP a parcouru le rapport d'Ember sans retrouver exactement le graphique publié par Renaissance.

Toutefois, on retrouve bien ces données dans un autre graphique publié sur le site de l'organisation, qui intègre effectivement les pays du G20, et le chiffre mondial. Il se retrouve dans un autre  rapport  publié le 5 septembre intitulé "émissions des centrales à charbon par habitant du G20 en 2023" (archivé ici).

Ces données concernent donc uniquement les émissions des centrales à charbon, ce que ne précisait pas la publication sur X de Renaissance.

Le quotidien britannique The Guardian (archivé ici) s'est fait l'écho des travaux d'Ember pour souligner que la production électrique australienne est particulièrement émettrice. Le journal a d'ailleurs réalisé un graphique basé sur les mêmes données que la publication de Renaissance, mais qui précise clairement qu'ils s'agit d'émissions de CO2 provoquées par les centrales à charbon, qui sont particulièrement polluantes, et peu utilisées en France, notamment grâce à la présence de centrales nucléaires. Emmanuel Macron entend relancer le nucléaire en France dans le cadre de son second mandat, et alors que le parc est vieillissant.

Pour autant, l'affirmation de Renaissance selon laquelle la France est un pays qui se situe en bas de tableau des pays du G20 pour les émissions de CO2 par habitant n'est pas complètement fausse, d'après les données de la Banque mondiale pour l'année 2020 d'émissions de CO2 en "tonnes métriques par habitant" (archivées ici). La France ne serait pas l'avant-dernière comme le laisse entendre le graphique de Renaissance, mais se situerait quand même en bas de classement.

D'après ces données de la Banque mondiale, la France a émis 4 tonnes par habitant. En comparant avec les données des autres pays du G20, qui représentent les 19 pays les plus industrialisés du monde plus l'Union européenne, il apparaît que seuls 5 pays ont des émissions par habitant plus faibles. 

Il s'agit de l'Inde (1,6),  Brésil (1,9), l'Indonésie (2,1), le Mexique (3), l'Argentine (3,4). Il faut souligner qu'il s'agit d'un classement par habitant et qu'en données totales, la hiérarchie est totalement différente. L'Inde par exemple, avec sa population de près d'1,4 milliard d'habitants, est un des pays qui émet le plus dans le monde.

Par habitant, la France est de fait le pays européen du G20 qui émet le moins d'après ces données de la Banque mondiale pour 2020. L'Italie est à 4,7, le Royaume-Uni à 4,6 et l'Allemagne, dont l'industrie est plus importante et qui consomme plus de charbon pour sa production électrique depuis qu'elle a renoncé  l'énergie nucléaire, est à 7,3.

Pour 2021, le professeur François Gemenne, co-auteur du Giec a récemment publié sur Twitter un graphique avec des chiffres du même ordre d'idée pour plusieurs pays : 14,4 tonnes par habitants des Etats-Unis, 7,1 pour la Chine, 4,3 pour la France... (archivé ici).

Autre élément important: ces chiffres correspondent aux émissions réalisées sur le territoire national de chaque pays. Elles ne couvrent pas les émissions dites "importées", qui dans le cas de la France, font monter le chiffre. On parle alors d'empreinte carbone et non d'émissions. C'est ainsi que le ministère français de la Transition écologique estime sur son site qu'en 2021 "l’empreinte carbone est estimée à 8,9" tonnes équivalent CO2 par personne,  "contre 8,3 tonnes en 2020" (archivé ici). 

Le rôle des activités humaines et des émissions de C02 dans le réchauffement climatique fait l'objet d'un consensus scientifique depuis plusieurs années, malgré des remises en questions régulières sur les réseaux sociaux.

L'AFP a déjà vérifié des affirmations erronées prétendant ce n'est pas l'activité humaine mais le soleil ou les modifications de l'orbite terrestre qui sont responsables du réchauffement climatique ou encore que les émissions de CO2 ne seraient pas responsables du changement climatique.