Une "lettre ouverte" d'Olivier Marchal contre Omar Sy ? C'est un faux


Une "lettre ouverte" d'Olivier Marchal contre Omar Sy ? C'est un faux

Publié le mardi 4 juillet 2023 à 11:53

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Auteur(s)

Alexis ORSINI / AFP France

Une "lettre ouverte" à charge contre Omar Sy, prétendument signée du réalisateur et scénariste Olivier Marchal, est relayée de manière très virale sur les réseaux sociaux depuis début juillet 2023. Ce texte circule dans un contexte de violences urbaines répétées en France depuis la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un tir de policier lors d'un contrôle routier à Nanterre. Il accuse l'acteur de vivre aux Etats-Unis pour payer "moins d'impôts" et lui reproche des "insultes contre la police française". Mais Olivier Marchal a démenti, dans une vidéo publiée sur Instagram le 2 juillet, être l'auteur de cette lettre et dénoncé des "ignominies" - après avoir déjà qualifié ce texte de "fake news" en août 2020, quand il circulait déjà.

"Lettre ouverte à Omar Sy, de la part d'Olivier Marchal, acteur réalisateur et ancien flic" : sur Facebook (1, 2), comme sur Twitter, nombre d'internautes partagent, depuis début juillet, un texte à charge contre l'acteur Omar Sy, prétendument signé du metteur en scène de 36 Quai des Orfèvres

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Capture d'écran réalisée sur Twitter le 4 juillet 2023.

 

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Capture d'écran réalisée sur Facebook le 3 juillet 2023.

 

A en croire cette diatribe, relayée dans un contexte de violences urbaines répétées en France en France depuis la mort de Nahel (lien archivé), un adolescent de 17 ans tués par un tir de policier lors d'un contrôle routier à Nanterre le 27 juin 2023, Olivier Marchal reprocherait à l'interprète d'Arsène Lupin ses "insultes contre les flics français" ainsi que de vivre aux Etats-Unis pour payer "moins d'impôts".

"Vous crachez médiatiquement sans risque sur la police française, qui nous protège du terrorisme islamique", peut-on encore lire dans cette critique.

Mais Olivier Marchal a démenti, le 2 juillet 2023, dans une vidéo mise en ligne sur Instagram (lien archivé), en être l'auteur : "Je voulais juste dire à tout le monde que ce n'est pas moi qui ai écrit ça. Ce sont des gens dont je ne saurais qualifier l'attitude et la personnalité qui ont utilisé mon nom pour se permettre de dire ça. [...] Le droit de dégueuler de telles ignominies, ça ne m'appartient pas, il n'est pas de moi."

"Moi, si j'ai quelque chose à dire à Omar Sy, je vais lui dire en face. Je me suis déjà exprimé à ce sujet dans l'émission de Bruce Toussaint, depuis j'ai arrêté avec toute cette polémique parce que ça ne sert à rien, ça ne sert qu'à déclencher la haine et la connerie", avance encore le réalisateur dans cette vidéo, qui a, selon un tweet de son avocat Pascal Garbarini en date du 2 juillet, demandé à ce dernier "d'engager des poursuites contre les auteurs de cette odieuse manipulation". 

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Capture d'écran réalisée sur Twitter le 4 juillet 2023.

 

"Je ne suis pas Omar Sy, je paye mes impôts en France"

Le 8 juin 2020, quelques jours après plusieurs manifestations d'ampleur (lien archivé) contre les violences policières en France et l'annonce d'une "tolérance zéro" (lien archivé) contre le racisme au sein des forces de l'ordre par le ministre de l'Intérieur de l'époque, Christophe Castaner, Olivier Marchal avait soutenu son ancienne profession sur le plateau de l'émission "Tonight Bruce Infos" de BFMTV (lien archivé).

Le réalisateur, qui avait signé, le même jour, une tribune intitulée "Larmes de flics" relayée sur la page Facebook du syndicat policier Alliance (lien archivé), dans laquelle il critiquait notamment "les artistes qui [vomissent] ceux [qu'ils acclamaient] il y a encore quelque temps parce qu'ils avaient risqué ou donné leurs vies pour protéger vos vies de citoyens privilégiés du terrorisme", affirmait notamment au journaliste Bruce Toussaint à cette occasion : "Ce que je veux dire aujourd'hui, c'est que les flics continuent à vouloir servir et protéger. Moi, j'aime les flics, et je suis là pour dire que j'aime les flics.

"Les flics sont toujours les boucs émissaires de l'instabilité et du désordre d'une société. Aujourd'hui, les flics ne sont pas responsables de ce qui se passe. J'ai juste eu envie de défendre cette profession que j'ai envie d'honorer", poursuivait-il, tout en jugeant "inadmissible" la mort de George Floyd, un Américain noir de 46 ans asphyxié par un policier blanc aux Etats-Unis le 25 mai 2020, dont la disparition avait provoqué une vague de manifestations dans le monde entier, et en estimant que le policier "responsable de ce qui s'est passé doit être sanctionné largement.

Le 3 juin 2020, au lendemain d'une manifestation (lien archivé) - interdite en raison de l'état d'urgence sanitaire anti-Covid - contre les violences policières organisée par le comité de soutien de la famille d'Adama Traoré, un jeune homme mort en 2016 après son interpellation par des gendarmes,  et ayant réuni près de 20.000 personnes à Paris, Omar Sy avait pour sa part publié une tribune dans L'Obs (lien archivé) appelant à avoir "le courage de dénoncer les violences policières en France". 

"Une marée humaine a envahi les alentours du tribunal judiciaire de Paris mardi, des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes de l'Hexagone. La mort d'Adama Traoré est aussi injuste et indigne que celle de George Floyd. [...] Nous aspirons tous à une police digne de notre démocratie, une police qui protège sa population, sans distinction de couleur de peau ou de provenance sociale, la même pour tous, qu’on habite dans les centres-villes ou dans les quartiers populaires.

Cinq jours plus tard, sur le plateau de BFMTV,  Olivier Marchal, en réponse, à Bruce Toussaint qui lui demandait "pourquoi ne pas croire aussi à la sincérité d'un Omar Sy, [...] qui a l'air de savoir que c'est que le racisme", déclarait : "Certainement. Et le racisme anti-flics, je peux vous en parler aussi. Voilà. Mais moi je ne suis pas Omar Sy, moi, je paye mes impôts en France et tout va bien.

On trouve déjà trace dans des publications Facebook, dès le mois d'août 2020, de la prétendue lettre ouverte d'Olivier Marchal à Omar Sy.

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Captures d'écran réalisées sur Facebook le 3 juillet 2023.

 

Le réalisateur avait alors démenti en être l'auteur dans une story Instagram le même mois (lien archivé), sous la forme d'une capture d'écran d'une de ces publications siglée de la mention "fake news" - ce qui n'aura pas empêché ce texte de recirculer de manière virale en novembre 2020 sur Facebook puis de connaître un regain de visibilité début juillet 2023, à la faveur de l'actualité. 

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Capture d'écran réalisée sur la page Instagram d'Olivier Marchal le 3 juillet 2023.

 

Début juin 2021, Omar Sy était pour quant à lui revenu, à l'antenne de France Inter (lien archivé), sur les vives réactions provoquées, un an avant, par sa tribune dans L'Obs : "Je ne regrette pas ma lettre et les propos, je regrette la réaction qu’elle a provoquée. Les gens n’ont pas voulu comprendre ce que j’ai dit."

"On ne peut pas dire qu’il y a des violences policières, on ne peut pas dire qu’il y a du racisme dans la police, sans pour autant dire que la police est raciste quand on dit ça. Pourquoi on ne peut pas dire qu’il y a des policiers racistes ? Cela ne veut pas dire que la police dans son ensemble est raciste. Alors que je ne suis pas contre la police", estimait également la star. 

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