VRAI OU FAUX. 70% des poulets consommés dans les cantines françaises sont-ils importés, comme l’affirme Nicolas Dupont-Aignan ?


VRAI OU FAUX. 70% des poulets consommés dans les cantines françaises sont-ils importés, comme l’affirme Nicolas Dupont-Aignan ?

Publié le lundi 5 février 2024 à 09:59

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Auteur(s)

Lise Roos-Weil franceinfo

Radio France

 

En plein contestation des agriculteurs, le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, assure que "dans la restauration collective, 70% des poulets consommés sont des poulets étrangers élevés dans de mauvaises conditions". En réalité ce chiffre englobe aussi les restaurants et les boulangeries.

La colère des agriculteurs gronde toujours, un peu partout en France. Alors que des convois de tracteurs bloquent les autoroutes autour de Paris, le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan a assuré sur Sud Radio mardi 30 janvier qu’il y avait trop de poulets importés au menu des cantines françaises : "Dans la restauration collective, 70% des poulets consommés sont des poulets étrangers, élevés dans des mauvaises conditions", affirme-t-il. Alors vrai ou faux ? Franceinfo a vérifié.

Quelque 67% de poulets consommés dans la restauration hors domicile viennent de l'étranger

C’est plutôt vrai mais disons que Nicolas Dupont-Aignan est imprécis. Il y a bien 67% de poulets consommés dans la restauration hors domicile en France qui viennent de l’étranger, selon les estimations de l’Anvol, l’interprofession de la volaille de chair, sur l’année 2022. Mais on parle là non seulement de la restauration collective, c’est-à-dire les cantines, évoquées par Nicolas Dupont-Aignan, mais aussi des restaurants et des boulangeries. Tout ce que l’on consomme en dehors de chez nous. C’est une catégorie plus large. Selon l’Anvol, et FranceAgriMer, contactés par franceinfo, il n’y a pas de donnée précise uniquement sur le poulet dans la restauration collective. Dans une étude publiée par FranceAgriMer en 2021, sur des données de 2019, les auteurs évoquent "au moins 60% de produits importés" dans la restauration collective, mais il s’agit de toutes les volailles, pas uniquement du poulet.

En France, un poulet sur deux vient de l’étranger mais ce sont surtout les restaurants et les cantines qui boostent les importations. Dans les grandes surfaces, quand vous faites vos courses, "90% des poulets non transformés sont français", estime Yann Nedelec, directeur de l’Anvol. D’après l’étude de FranceAgriMer, en 2019, dans les grandes surfaces, environ 20% des volailles au rayon frais et 50% des volailles transformées étaient importées.

Les cantines et les restaurants boostent les importations de poulet

"Ces cinq dernières années, la consommation de poulet à domicile a augmenté de 8%, mais la consommation globale a grimpé de 19%, la consommation a surtout augmenté dans la restauration hors domicile", précise Yann Nédélec. "Sur la même période, les importations ont augmenté de 39%", ajoute-t-il, citant les estimations de l’Anvol.

Cette différence s’explique notamment par le fait qu’il y a beaucoup de produits transformés dans la restauration hors domicile, notamment dans la restauration rapide, comme les nuggets, les cordons bleu ou les sandwichs. Dans les produits transformés, 80% des poulets utilisés sont importés selon l’Anvol. Sur ces produits, il n’est pas obligatoire d’indiquer l’origine de la viande. Et les professionnels optent souvent pour les poulets moins chers, venus de l’étranger. Actuellement, le kilo de filet de poulet ukrainien est à 3 euros sur le marché de Rungis, le poulet brésilien à 2,50 euros et le poulet français est affiché à 7 euros, voir même 14 euros pour le poulet français label rouge, précise le directeur de l’Anvol.