Le prix des billets de trains a-t-il augmenté de 15% comme le dit l’INSEE… ou baissé de 7% comme l’affirme la SNCF ?


Le prix des billets de trains a-t-il augmenté de 15% comme le dit l’INSEE… ou baissé de 7% comme l’affirme la SNCF ?

Publié le vendredi 27 mai 2022 à 21:59

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En gare de Hyères, le 17 mai.

(Magali Cohen/Hans Lucas. AFP)

Auteur(s)

Emma Donada

L’institut statistique et l’entreprise ferroviaire ont deux méthodes distinctes aboutissant à des résultats divergents.

Alors que l’inflation s’installe en France, certains internautes s’inquiètent de la hausse des prix des billets de train. «Ma fille fait régulièrement des Paris-Nice. Là elle prend l’avion, c’est moins cher», observe une internaute sur Twitter. «Je me plaignais la semaine dernière du tarif Paris-Caen. Pour ceux qui n’ont pas de carte de réduction : 80€ le 1er prix. 57€ avec le tarif avantages et 9,61 % d’augmentation par rapport à avril… sidérée», constate une autre.

D’après l’Institut national d’études et de statistiques qui analyse mensuellement l’évolution des indices des prix, celui du «transport de passagers par train» a augmenté de 14,6 % entre avril 2021 et avril 2022. les indices de prix du transport ferroviaire donnés par l’Insee «mesurent l’évolution de la dépense que le consommateur moyen doit consentir pour acheter [une série trajets fixes, ndlr] tout au long de l’année». Dans le détail, depuis janvier 2020, «une collecte de données par internet automatisée (webscraping) a été mise en place sur les sites internet de vente de billets de train. Quotidiennement, un robot recueille les prix des billets avec quatre antériorités d’achat (deux jours, dix jours, trente jours et soixante jours avant le départ du train), suivant deux profils de consommateurs (avec ou sans carte de réduction) et différents horaires dans la journée pour un échantillon de 250 trajets. Cette méthode de collecte concerne les trains grandes lignes et les trains régionaux», explique l’Insee. A noter que «les profils avec et sans carte n’ont pas le même poids dans le calcul. Si le nombre de détenteurs de carte avantage augmente d’une année sur l’autre, le poids attribué à ces profils augmente également», précise le statisticien à CheckNews. Les offres OuiGo qui proposent des tarifs moins chers sont aussi prises en compte, indique l’Insee.

La SNCF, de son côté, observe une tout autre évolution. «Côté trains longue distance (TGV INOUI, OUIGO, Intercités), les billets coûtent de moins en moins cher», explique l’entreprise ferroviaire à CheckNews. Depuis le lancement de la nouvelle offre tarifaire, en juin 2021, «les prix ont d’ailleurs baissé de 7 %», nous indique-t-on.

La raison de ce grand écart ? «Les méthodes ne sont pas les mêmes», justifie la SNCF. L’entreprise s’intéresse au montant du «panier moyen». Celui-ci est calculé à partir de l’ensemble du chiffre d’affaires, sur une période donnée, divisé par le nombre de billets vendus, explique l’opérateur. Si cet indicateur évalue donc le coût moyen d’un voyage en train, il ne permet pas de surveiller l’évolution des prix par type d’offres. «La SNCF met à jour régulièrement son offre tarifaire tout au long de l’année, et cela rétroagit de façon importante sur les comportements d’achat des consommateurs, notamment dans l’arbitrage entre le train et d’autres moyens de transport (véhicule personnel, covoiturage…) : une destination pour laquelle le prix baisse va par exemple voir sa part de marché renforcée relativement aux autres comparé au début de l’année, ce qui va influer sur le prix moyen du billet de train», analyse l’Insee. Autrement dit, qu’un usager décide de prendre un Ouigo plutôt qu’un TGV «classique» pour se rendre à Marseille ou bien de choisir une destination moins onéreuse, la SNCF ne retiendra que le montant dépensé. Ce qui ne veut pas dire que le prix des billets aura baissé.