Les «préservatifs et sex-toys» représentent-ils 223 millions de tonnes de déchets par an en France, comme l’avance «Quotidien» ?


Les «préservatifs et sex-toys» représentent-ils 223 millions de tonnes de déchets par an en France, comme l’avance «Quotidien» ?

Publié le jeudi 25 mai 2023 à 09:45

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Des sextoys en 2013 à Nice.

(Valery Hache / AFP)

Auteur(s)

Vincent Coquaz

Une «erreur de rapidité» a conduit la chroniqueuse Maïa Mazaurette à (largement) surestimer la quantité de déchets liés à la sexualité des Français.

«Le monde du sexe peut-il se mettre au vert ?» C’est la question posée dans l’émission Quotidien de jeudi 18 mai, par la chroniqueuse Maïa Mazaurette. A en croire cette spécialiste des questions de sexualité, il s’agit en effet d’un problème de poids : «En France, on estime que les préservatifs, sex-toys et autres lubrifiants représentent à eux seuls 223 millions de tonnes de déchets.»

Cela représenterait pas moins de trois tonnes de déchets par habitant par an (3 000 kg) pour les seuls déchets liés à la sexualité. Un chiffre qui semble démesuré si on le ramène à la production totale de déchets par habitant en France : environ 5 tonnes par an, selon le ministère de la Transition écologique. Le chiffre avancé par Quotidien reviendrait donc à estimer que près des deux tiers de nos déchets sont des «préservatifs, sex-toys et autres lubrifiants». Une proportion évidemment erronée puisque la majeure partie des déchets produits en France proviennent plutôt d’activités liées à la construction (BTP) ou de déchets alimentaires par exemple, dans le cas des déchets ménagers.

Alors d’où vient ce chiffre avancé dans Quotidien ? Contactée par CheckNews, la chroniqueuse de TMC explique que «la source est une étude anglaise, et comme la population des deux pays est la même (ainsi que les modalités de consommation sexuelle, on a souvent des stats équivalentes), j’ai repris [pour la France]».

On retrouve effectivement des publications sur le Royaume-Uni qui mentionnent un chiffre de 223 millions de tonnes de déchets, notamment cet article du magazine Glamour. Mais comme l’ont repéré certains internautes, l’article, en anglais, explique en fait que les «préservatifs, sex-toys, lubrifiant ou la pilule contraceptive» ont un impact environnemental important en «contribuant aux 222,9 millions de tonnes de déchets produits au Royaume-Uni en un an». Une mauvaise traduction de l’article pourrait laisser penser que ces 223 tonnes correspondent aux seuls déchets liés à la sexualité, alors qu’ils correspondent en fait à une estimation de l’ensemble des déchets produits dans le pays sur une année.

Le chiffre de Quotidien vient bien d’une «erreur de rapidité» basée sur cet article, comme le confirme Maïa Mazaurette à CheckNews, indiquant au passage qu’elle compte la «corriger».