Autisme, fibromyalgie, dépression: non, la hausse de ces maladies n'est pas liée à la vaccination


Autisme, fibromyalgie, dépression: non, la hausse de ces maladies n'est pas liée à la vaccination

Publié le vendredi 24 novembre 2023 à 14:06

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Auteur(s)

Julie PACOREL / AFP France

L'autisme, la dépression, l'arthrose ou encore la maladie d'Alzheimer sont en hausse dans le monde, depuis trente ans. Sur les réseaux sociaux, des personnes partagent un tableau listant ces maladies avec des taux de pourcentages d'augmentation fantaisistes, attribuant cette hausse à la généralisation de la vaccination, notamment infantile. Or, la plupart de ces pathologies connaissent une hausse de leur prévalence dans la population du fait d'un meilleur diagnostic, ou d'une prise en charge plus systématique que dans le passé. Pour les autres, liées à l'âge et au surpoids notamment, leur augmentation est principalement due au vieillissement de la population. D'autre part, dans l'état actuel des connaissances, aucune de ces maladies n'a été attribuée à un vaccin.

Des maladies en nette hausse dans le monde depuis les années 90, quand les vaccins infantiles, notamment, ont été généralisés ? Sur les réseaux sociaux, ces allégations d'un lien entre la vaccination et des pathologies surgissent régulièrement depuis plusieurs années, et de manière plus fréquente et massive depuis la crise sanitaire liée au Covid-19.

Ces derniers mois, une "liste" de maladies à la prévalence (le chiffre qui exprime la fréquence à laquelle un trouble apparaît) en augmentation est partagée par de nombreux internautes, titrée ainsi : "Ce qui a changé ces 30 dernières années ?". Nous en avons fait une capture d'écran ci-dessous :

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Capture d'écran de Facebook le 16 novembre

 

Cette liste est notamment relayée sur Facebook, comme dans cette publication partagée plus de 3.000 fois au 16 novembre. Un commentaire déplore : "Tout un progrès de la médecine!!! La science médicale et pharmaceutique nous emmènent vers la maladie la souffrance et la mort ! Vivement le retour à une saine nutrition et à la découverte de la force des plantes!! Arrêtons les abattoirs, les vaccins empoisonnés et bâtissons des serres de fruits et légumes sans compter les noix et les graines !! " Un groupe Facebook clairement opposé aux vaccins intitulé "soignants en résistance" le partage également. 

Au Canada, sur le groupe Facebook "la résistance québecoise", un commentaire souligne : "Comparé a il y a 30 ans, nos enfants ont beaucoup plus de vaxx recommandés durant la petite enfance...".

Sur Telegram, aussi, un internaute s'interroge, en postant la photo de la liste : "Lien avec les vaccins quels qu'ils soient ?". La question est aussi récurrente sur X, comme cette publication d'avril 2023 partagée à 325 reprises avec ce texte : "La question à se poser qui a-t-il eu comme changement depuis les années 90 ?"

Des maladies dont la prévalence est en réelle hausse... mais pas en lien avec les vaccins

Les personnes qui publient la liste citent comme source le site Worldometers (archive), qui utilise des données de l'ONU et d'autres instituts internationaux pour alimenter ses compteurs en temps réel, qui donnent des chiffres estimés, reposant sur différentes statistiques et projections. 

Mais comme le font remarquer plusieurs internautes dans les commentaires des différentes publications sur le sujet, on ne retrouve pas les statistiques concernant ces maladies sur le site Worldometers. L'AFP Factuel a sollicité Worldometers, mais n'a pas obtenu de réponse.

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Un bébé vacciné contre la tuberculose à Banda Aceh en juin 2022.

AFP

 

Pour autant, même si les pourcentages de hausse affichés sont invérifiables, toutes les maladies citées ont bien une prévalence en augmentation, du moins dans les pays occidentaux, a constaté l'AFP en recherchant via d'autres sources, comme Santé publique France ou les CDC (centres de contrôles des maladies) américains. 

Pour autant, ces hausses, réelles, n'ont pas pour origine la vaccination

Parmi les 13 "maladies ou troubles" cités, comme nous allons le voir dans le détail, certaines ont vu leur incidence grimper du fait d'une amélioration ou de changements dans leur diagnostic, d'autres sont liées à l'âge et donc augmentent mécaniquement avec le vieillissement de la population mondiale, quand d'autres encore ont explosé avec la crise sanitaire liée au Covid.

Les troubles du neurodéveloppement, pas ou mal diagnostiqués avant

En haut de la liste, apparaissent l'autisme et les TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), des troubles du neurodévelopement (TND), associés à des petites différences dans la structure et le fonctionnement du cerveau des personnes concernées. D'après ce rapport (archive) récemment publié par le gouvernement, les troubles du neuro-développement concernent un enfant sur six aujourd'hui.

Parmi les TND, selon le Dr Hugo Peyre (archive), pédopsychiatre au sein du Centre d’excellence du CHU de Montpellier interrogé par l'AFP Factuel le 17 octobre, c'est dans les troubles du spectre autistique (TSA) et les troubles de l'attention (TDAH) que la prévalence a le plus augmenté.

1/ dans l'autisme, la définition de la maladie "a changé de façon colossale"

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Un enfant autiste accompagné par une assistante d'éducation à Cenon, près de Bordeaux, en septembre 2022

AFP

 

Pour l'autisme, "on est passé d’1 enfant sur 150 en 2000, à 1 enfant sur 36 aujourd’hui aux Etats-Unis", explique le Dr Peyre. Des données confirmées officiellement par les CDC américains (centres de contrôle des maladies, archive).

Une multiplication par quatre des cas diagnostiqués donc, et non par 20 comme l'affirme la publication trompeuse.

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Capture d'écran du site cdc.gov le 17 novembre

 

En France, la prévalence exacte n'est pas connue et les troubles sont sous-diagnostiqués en comparaison avec l'Amérique du Nord, mais une étude (archive) réalisée en Haute-Savoie a montré que la prévalence de l'autisme chez les enfants avait triplé en dix ans, entre les enfants nés en 1995-97 et ceux nés en 2007-2009. 

Mais conclure à une augmentation de la prévalence à partir de ces données ne va pas de soi, a expliqué à l'AFP le pédopsychiatre Bruno Falissard (archive) le 16 novembre, "car sur l'autisme, on a peu d'études dans le passé, et surtout parce que la définition de l'autisme a changé de façon colossale. Aujourd'hui, on ne parle plus des mêmes maladies. Comme on ne parle plus du tout de la même chose, on ne peut pas comparer". C'est aussi ce qu'explique bien cette vidéo (archive) très pédagogique diffusée par l'Inserm sur son "canal détox" et intitulée : "une épidémie d'autisme, vraiment ?".

Le Dr Peyre évoque aussi un probable "report diagnostique : des enfants auparavant diagnostiqués déficients intellectuels sont maintenant qualifiés de TSA (troubles du spectre de l'autisme)". 

Pour lui, il est donc "difficile de conclure sur la modification de l’état de santé de la population, ça reste des résultats débattus dans la littérature, le meilleur accès au soin et les pratiques diagnostiques. C’est sûr que ça rend compte d’une augmentation de la prévalence, mais est-ce que ça explique l’ensemble de cette augmentation ?".

De multiples causes possibles de l'autisme sont encore en cours d'examen : l'influence des écrans, la modification de l'âge parental, mais aussi les facteurs environnementaux. Le psychiatre participe à la cohorte Marianne (archive), dans le service de la professeure Amaria Bahgdadli, "dont un des objets, c’est de se demander s’il y a des facteurs environnementaux (pesticides, polluants chimiques…) qui pourraient être impliqués, même si l’état de la population est stable. Mais pour l’instant, il est difficile de faire des attributions causales".

Depuis deux décennies, la méfiance envers un vaccin en particulier, administré aux enfants, le ROR (rougeole-oreillons-rubéole) s'est accentuée, se fondant notamment (archive) sur une étude publiée en 1998 dans la revue médicale The Lancet qui suggérait un lien entre la vaccination ROR et l'autisme. L'étude s'est révélée être un "trucage" (archive) de son auteur Andrew Wakefield, mais ni le démenti officiel de la revue, ni le retrait de l'article, ni les multiples travaux postérieurs démontrant l'absence de lien, n'ont fait cesser les craintes sur ce vaccin combiné.

Au contraire, une étude danoise (archive) a même montré que les enfants non vaccinés avaient un peu plus de risque d'être autistes que les vaccinés, comme le montre le graphique ci-dessous.

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Mais cette croyance a la peau dure, puisqu'on retrouve selon une étude (archive) de 2017 une moins bonne couverture vaccinale dans les familles d'enfants diagnostiqués autistes que chez les autres (83,1% de vaccination contre 97%).

2/ le TDAH, un "diagnostic compliqué" beaucoup plus facile aujourd'hui qu'il y a 20 ans

Le TDAH (trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité) comme l'autisme provoque "un déficit ou un retard des compétences acquises au cours du développement (en particulier, concernant les apprentissages et le contrôle émotionnel)", selon un rapport de la Haute autorité de santé publié en 2021 (archive).

Selon le site gouvernemental handicap.gouv.fr (archive), "La prévalence du TDAH au niveau mondial varie entre 2% et 7% (ce qui est très proche des données de prévalence estimées en France) avec une augmentation des estimations de prévalence dans la plupart des pays depuis la fin du 20e siècle". Difficile d'obtenir une estimation chiffrée de cette augmentation au niveau international, mais une étude américaine (archive) a montré une augmentation d'environ 9% des diagnostics de TDAH entre 2009 et 2017.

"Le problème", relève le Pr Falissard, "c'est que les enquêtes à partir desquelles sont établis les taux de prévalence sont faits à l'aide de questionnaires standardisés en population générale, pas à l'aide de diagnostics cliniques". Une limite d'autant plus importante, selon lui, que "le diagnostic de TDAH, en fait, c'est un diagnostic compliqué, c'est pas juste un enfant qui bouge beaucoup et qui a des mauvaises notes à l'école, c'est vraiment une injonction à bouger sans arrêt. Or, c'est pas pareil qu'un enfant hyper stimulé".

Un auto-diagnostic par les proches d'autant plus compliqué à vérifier, selon le pédopsychiatre, que "les parents peuvent être influencés par ce qu'ils ont lu et qu'ils n'avaient pas lu il y a 20 ans parce qu'on ne parlait pas autant de TDAH dans la presse".

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Infographie publiée sur le site tdah-france

 

Dans le passé aussi, ajoute le Dr Peyre, "des parents qui faisaient la démarche de demander un diagnostic rencontraient des praticiens qui n’utilisaient pas ce type de catégorie, c’était encore le cas il y a une dizaine d’années pour le TDAH". 

Autre écueil des statistiques : les études ciblent en général un seul trouble du neuro-développement, or, "près d’un tiers des enfants qui ont un trouble autistique ont un TDAH, et près de la moitié des enfants qui ont une dyspraxie ont aussi une TDAH, donc estimer la prévalence de manière isolée ne permet pas de rendre compte de la prévalence des TND dans leur ensemble".

Aujourd'hui, le diagnostic des troubles du neurodéveloppement s'accompagnent d'une bien meilleure image : ces troubles, selon le Dr Peyre, ont "perdu un peu leur image de pathologie dramatique, on se le représente davantage comme une différence", notamment du fait de la popularité de personnages de séries porteurs de TND.

Aucun lien n'a été établi scientifiquement entre vaccination et développement d'un TDAH, et une étude japonaise a même conclu à l'absence de risque de TND liée à la présence de mercure dans certains vaccins.

Les maladies psychiatriques en augmentation chez les jeunes, surtout depuis la crise Covid

Parmi les autres maladies citées par les publications trompeuses, figure la "maladie bipolaire chez les jeunes", dont les diagnostics auraient bondi de plus de 10.000 % selon des internautes.

Une étude de 2007 (archive) a montré que les diagnostics aux Etats-Unis ont été multipliés par 40 entre 1994 et 2004. Mais comme le soulève cet article (archive) du congrès français de psychiatrie, plusieurs paramètres jettent un doute sur cette analyse : le "chevauchement des symptômes avec le TDA/H" mais aussi "de l’utilisation de critères adultes (chez des enfants, NDLR) et des enjeux économiques de l’industrie pharmaceutique". En effet, dans les années 2000, des suspicions (archive) de conflit d'intérêt de trois éminents chercheurs américains avec des laboratoires ont mis un doute sur leurs découvertes quant à l'explosion de l'incidence des troubles bipolaires.

D'autre part, remarque le Pr Falissard, le trouble bipolaire n'a cessé d'être au coeur de polémiques mondiales : "les Américains voyaient des cas partout quand les Européens n'en voyaient pas". Le diagnostic est selon lui d'autant plus difficile à poser que les troubles bipolaires se déclarent en général pendant l'adolescence, "une période où les variations extrêmes de l'humeur ne sont pas toujours liées à une maladie".

La bipolarité est notamment déterminée par la génétique : "Il existe une forte prédisposition familiale qui se traduit par une vulnérabilité de l’humeur et une incapacité à réguler ses émotions" selon le congrès français de psychiatrie. 

De manière générale, les troubles psychiatriques, comme la dépression, en particulier chez les jeunes, ont bondi depuis la crise sanitaire liée au Covid-19. Selon des chiffres du gouvernement français, le recours aux urgences psychiatriques a augmenté de 40% en 2020, pendant ou après le premier confinement.

Une tendance qui continue malgré l'arrêt des mesures sanitaires, selon le Pr Falissard, "dans tous les pays, et avec des données épidémiologiques solides". "Mais est-ce que c'est un trouble avéré dépressif grave ou est-ce que c'est l'expression d'une souffrance de type anxieuse dépressive ? Je penche plutôt pour la deuxième explication", assure-t-il.

D'autant que "si l'on observe les données dures que sont le taux de suicides, il baisse plutôt sur la période". Effectivement, selon l'OMS, les taux de suicide ont diminué au cours des 20 années de 36 % au niveau mondial, même s'il a augmenté de 17% aux Amériques. 

La fatigue chronique et la fibromyalgie, considérées comme "des véritables maladies" depuis peu

Parmi les maladies ayant le plus augmenté ces trente dernières années selon les publications trompeuses, figurent aussi la fatigue chronique, l'arthrose (une maladie articulaire) et la fibromyalgie (une douleur chronique diffuse associée à des troubles neurologiques).

Là encore, les critères diagnostiques rendent très compliqués la mesure et l'analyse de la prévalence de ces maladies. Un rapport parlementaire (archive) de 2016 consacré à la fibromyalgie explique que "les variations de la prévalence peuvent en effet s’expliquer par l’évolution de la définition du syndrome et de ses critères diagnostiques".

Une étude menée en 2012 par le National Health Service américain (archive) concluait à une variabilité de la prévalence entre 0,5 % et 5 %. 

"En effet, la définition du syndrome s’est élargie à des indicateurs fonctionnels tels que les troubles du sommeil ou la fatigue et cette évolution a fortement impacté les résultats des différentes enquêtes menées sur la population par questionnaire", estiment les rapporteurs. 

La fatigue chronique - un épuisement permanent qui n'est pas soulagé par le repos - aussi souffre d'une complexité au diagnostic, selon l'Inserm (archive), "ce syndrome est encore peu connu et mal compris" notamment, car "aucune caractéristique biologique ne lui est spécifiquement associée". Il est très difficile dans ces conditions, de savoir combien de personnes en souffrent.

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Une communication sur le site de l'Inserm en novembre

 

"Il faut vraiment voir quels sont les outils qui ont permis de faire le diagnostic", a réagi auprès de l'AFP Factuel, le 20 novembre, le Pr Serge Perrot (archive), rhumatologue au Centre anti-douleur AP-HP de Cochin. "Est-ce que c’est des auto-questionnaires, des sondages en ligne, ou des enquêtes épidémiologiques sur des codages faits à l’hôpital ou en consultation qui ne reflètent pas la même réalité".

La reconnaissance de ces pathologies "comme véritables maladies" n’est que récente, soulève le spécialiste : "Avant, on considérait qu’il était normal d’avoir de l’arthrose quand on était vieux, qu’être fatigué n’était pas une maladie et la douleur non plus. A partir de quel moment des symptômes persistants deviennent une vraie maladie ? C’est une évolution sociétale et philosophique".

Le médecin évoque aussi un aspect "sexiste" du manque de considération dont ont longtemps souffert les malades : "Ces maladies se retrouvent essentiellement chez les femmes, à 80% pour la fibromyalgie et la fatigue chronique, donc dire qu’elles n’existent pas, c’est nier une réalité féminine de douleur, car on sait aujourd’hui qu’il y a des différences entre les femmes et les hommes dans les mécaniques de la douleur".

La fibromyalgie, détaille le Pr Perrot, peut survenir "après un choc psychologique, des abus sexuels dans l’enfance, après des maladies inflammatoires, des cancers, une polyarthrite".

Pour la fatigue chronique, "le syndrome pourrait être déclenché par des infections, du stress psychologiques, des facteurs environnementaux, et/ou certains terrains génétiques", explique l'Inserm, en évoquant aussi la piste "d’une maladie du système immunitaire, du système nerveux autonome et des mitochondries, les 'centrales énergétiques' de nos cellules". 

Ces maladies aux contours flous, encore très mal connues, sont au coeur de nombreuses fausses affirmations attribuant leur responsabilité aux vaccins Covid.

Mais si la fatigue et une douleur au point d'injection sont bien des effets indésirables connus et sans gravité - et de courte durée - des vaccins Covid, la fibromyalgie et la fatigue chronique n'en font pas partie. Le fait que ces maladies soient en revanche souvent associées au Covid long peut entretenir la confusion.

Diabète, arthrose, Alzheimer et apnée du sommeil : des augmentations liées au vieillissement de la population

La liste trompeuse des maladies en augmentation comprend plusieurs pathologies clairement associées au vieillissement de la population mondiale, et aussi à l'épidémie d'obésité qui sévit dans le monde. Mécaniquement, plus les gens sont âgés et obèses, et plus la prévalence de ces maladies progresse.

1/ l'arthrose, en hausse de 113% et non de 449%

En 2019, selon l'OMS (archive), quelque 528 millions de personnes dans le monde vivaient avec l’arthrose - maladie articulaire la plus répandue qui conduit à la destruction du cartilage - un chiffre en hausse de 113% par rapport à 1990, et non de 449% comme le prétendent les publications trompeuses.

L'OMS prévoit que la prévalence de l’arthrose "devrait continuer d’augmenter à l’échelle mondiale du fait du vieillissement de la population et de la hausse des taux d’obésité et des lésions corporelles".

Le vaccin ROR peut causer des symptômes passagers de type arthritique, comme la douleur et la raideur articulaires durant un ou deux jours, des symptômes souvent confondus avec ceux de l'arthrose, "mais ce type de réaction est rare" et passager, selon la société canadienne de l'arthrite (archive).  

Des cas de polyarthrite rhumatoïde, une maladie distincte de l'arthrose qui cause un dérèglement du système immunitaire, ont été signalés après des vaccinations Covid avec des vaccins ARNm, mais pour l'heure aucun lien de cause à effet n'a été démontré.

2/ l'apnée du sommeil, largement sous-diagnostiquée et liée à l'âge et au poids

L'apnée du sommeil est un syndrome plus fréquent chez les personnes âgées et en surpoids. Egalement appelée syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil, ou SAHOS, elle "se manifeste par des interruptions répétées et incontrôlées de la respiration pendant le sommeil" selon l'Inserm (archive). 

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capture d'écran du site de l'Inserm de novembre 2023

 

Les données mondiales sur cette maladie sont très parcellaires, et peu fiables, car l'apnée du sommeil souffre d'un énorme sous-diagnostic : cette étude de 1997 (archive) estimait ainsi que plus de 80% des malades d'apnées du sommeil n'étaient pas diagnostiqués.

Si aucun lien entre la vaccination et les apnées du sommeil n'a été établi, le Covid peut lui provoquer des troubles importants du sommeil, notamment le Covid long (archive).

2/ la maladie d'Alzheimer, en nette hausse du fait du vieillissement mondial

Au niveau mondial, le nombre de malades d'Alzheimer est actuellement estimé à 44 millions de personnes. Selon l'OMS, ce nombre a certes plus que doublé depuis les années 1990, mais n'a pas augmenté de 299% pour autant. Les autorités de santé prévoient qu'en raison du vieillissement de la population, le nombre de malades devrait presque doubler tous les 20 ans. 

On connaît bien la cause de la maladie d'Alzheimer : une accumulation de protéines anormales dans le cerveau, la protéine bêta-amyloïde et la protéine tau. Ces accumulations forment les deux lésions caractéristiques cérébrales de la maladie : les plaques amyloïdes.

Outre l'âge, une quarantaine de facteurs de risques génétiques ont été identifiés, ainsi que l’hypertension artérielle, le diabète, le tabac, l’obésité et la sédentarité. 

Plusieurs études épidémiologiques (archive) ont montré que des vaccins contre le tétanos, la pneumonie ou encore le zona pouvaient diminuer le risque de développer la maladie d'Alzheimer.

4/le diabète et l'hypothyroidie, en augmentation avec l'âge et le surpoids

Autre maladie de la liste connue pour augmenter avec l'âge et le surpoids : l'hypothyroidie, qui se définit par une insuffisance de sécrétion des hormones thyroïdiennes.

Quant au diabète, sa prévalence est passée de 3,2 % en 1990 à 6,1 % en 2021. Une hausse de 90% et non de 305% comme l'affirment les publications trompeuses.

Une hausse encore une fois due en partie au vieillissement de la population, puisque la prévalence du diabète augmente avec l'âge, avec un pic entre 70 à 85 ans.

Mais aussi à l'accroissement de l'obésité dans le monde, car l'immense majorité des cas sont des diabètes de type 2, essentiellement lié au mode de vie : surpoids, sédentarité, hypertension artérielle, chez des patients prédisposés génétiquement à cette maladie.

Des rumeurs attribuant des cas de diabète de type 1, qui lui est une maladie auto-immune, à la vaccination, ont fait l'objet de nombreuses études qui ont conclu à une absence de lien (archive) entre vaccination infantile et diabète.

Autre maladie auto-immune présente dans la liste publiée sur les réseaux : le lupus, qui se manifeste par des symptômes variables comme des éruptions cutanées, des douleurs, concernant divers organes (peau, articulations...).

Selon l'Académie de médecine (archive), son épidémiologie "est très variable d’un territoire à l’autre" puisque sa prévalence varie "de 4 à 178 pour 100.000 habitants" selon les pays, en raison notamment de facteurs environnementaux favorisant sa survenue, mais aussi de différences de mesures. Il semble donc très difficile de savoir si sa prévalence a augmenté, contrairement à ce qu'affirment les publications trompeuses.

La maladie coeliaque, une hausse des cas du fait d'une meilleure connaissance

La maladie coeliaque, une intolérance au gluten, a elle aussi augmenté de façon importante durant les 30 dernières années, "passant de 2-3 à 9 voire 13 nouveaux cas pour 100.000 habitants et par an", selon l'Association française de formation médicale continue en hépato-gastro-entérologie (archive). Une augmentation cependant moins spectaculaire que les 1.111 % de la liste des maladies. 

"Cette augmentation d’incidence avec le temps reflète probablement davantage la reconnaissance des formes atypiques et silencieuses grâce aux tests sérologiques", selon l'association. La maladie coeliaque est induite par la consommation de gluten chez des sujets prédisposés à l'intolérance, et aucun lien n'a de causalité n'a été démontré entre la vaccination et son apparition.

Au contraire, le vaccin contre le rotavirus (archive) pourrait réduire le risque de maladie coeliaque, selon une étude finlandaise.

Statistiques relatives à une ou plusieurs déclaration(s) fact-checkée(s) par cet article

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