Non, Santé Publique France n'a pas revu à la baisse le bilan des décès liés au Covid-19


Non, Santé Publique France n'a pas revu à la baisse le bilan des décès liés au Covid-19

Publié le mercredi 15 décembre 2021 à 16:44

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AFP France

Santé Publique France (SPF) a-t-elle revu à la baisse le bilan des morts de l'épidémie du Covid-19 comme l'affirme une note de blog relayée plusieurs milliers de fois ? Attention : cette publication, qui fait état de "moins de 55.000 morts depuis 2019", ne prend en compte que les certificats de décès électroniques, qui ne représentent qu'une partie du total des décès. A ce jour, le dernier bilan établi par SPF fait état de 120.832 morts en France. Le centre de l'Inserm évoque de son côté plus de 130.000 décès, tous lieux confondus.

Quel bilan après près de deux ans d'épidémie de Covid-19? A l'heure où la cinquième vague de l'épidémie s'abat sur la France, de nouvelles rumeurs sur une exagération du nombre de morts ressurgissent sur les réseaux sociaux.

"Le mythe des 100.000 morts du Covid va voler en éclat", écrit ainsi Eric Verhaeghe, fondateur du blog "Courrier des stratèges", sur son compte Twitter le 11 décembre. "Grâce aux chiffres officiels eux-mêmes. La grande manipulation apparaît au grand jour. Selon Santé Publique France, il y a moins de 55.000 morts du COVID en France depuis 2019".

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"Tout ça pour ça, moins que la grippe", abonde sur Twitter un autre internaute. "Le gouvernement Macron nous aurait-il ( une fois de plus ) menti ??? ", s'interroge un autre.

Toutes les publications s'appuient sur une note rédigée par Éric Verhaeghe sur son blog. "Santé Publique France ne semble pas d'accord avec le gouvernement sur le nombre de morts du COVID depuis le début de la pandémie. Officiellement, nous en comptons plus de 110.000 !", écrit l'auteur de l'article. "Rappelons qu'au mois d'avril, Emmanuel Macron a +célébré+ le passage prétendu des 100.000 morts... Sauf que, Santé Publique France, organisme peu réputé pour son complotisme, avance un chiffre deux fois moindres (sic). C'est quand même bizarre, non ?"

Attention : en réalité, le chiffre de 55.000 ne prend en compte que les certificats de décès électroniques, qui ne représentent qu'une partie du total des décès recensés.

Attardons-nous pour commencer sur la manière dont les décès liés à l'épidémie de coronavirus sont recensés. En France, deux organismes publient des données en la matière : Santé Publique France et le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDC), qui dépend de l'Inserm.

SPF publie quotidiennement un tableau de bord sur le nombre de décès survenus à l’hôpital et en collectivités de personnes âgées. "Cet indicateur correspond au nombre total de personnes avec un diagnostic COVID-19 et décédées depuis le début de l’épidémie à l’hôpital ou en établissement social et médico-social (ESMS) sur le territoire français", précise l'agence contactée par l'AFP. Au 14 décembre, 120.832 décès avaient ainsi été recensés depuis le début de l'épidémie.

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Cette donnée, qu'on retrouve sur le site de SPF, est également présente dans le tableau de bord du gouvernement.

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Santé Publique France publie parallèlement un graphique sur son site Géodes portant sur les "décès certifiés électroniquement qui apportent des informations plus complètes sur les causes médicales des décès"Le nombre cumulé de décès liés au COVID-19 enregistrés par certification électronique (établissements publics ou privés de santé, EHPAD/maison de retraite, domicile, ou dans autres lieux non précisés) est de 54.813.

Ce système, qui est en cours de déploiement, a toutefois ses limites, reconnaît SPF. La certification n’est à ce jour pas utilisé par tous les établissement de santé. Fin 2021, seulement 32% de la mortalité nationale était ainsi certifiée par voie électronique. Le chiffre de 55.000 évoqué dans la publication virale existe donc bel et bien mais ne correspond qu'à une partie des décès liés au Covid-19 recensés en France.

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Tous lieux confondus, au-delà des hôpitaux et établissements de santé, le bilan dépasse même les 120.000 morts, selon la base de données du CépiDc. "On a des informations qui nous remontent en quasi temps réel par internet et des informations qui remontent, plus lentement en format papier", en moyenne quatre mois,  indique à l'AFP Grégoire Rey, directeur du centre qui dépend de l'Inserm. "Au 31 juillet, on a un bilan de 130.963 morts", dont "6.637 à domicile".

"Ce sont des décès où la Covid-19 est mentionnée, soit comme comorbidité, soit comme cause initiale" de la mort, ajoute-t-il, faisant état d'une marge d'erreur limitée. "Lors de la première vague, on a pu montrer que les cas où la Covid-19 était mentionnée sur le certificat et n'était finalement pas la cause initiale de décès représentaient moins de 5 à 6% des cas, donc assez peu finalement".

Les cas de "suspicion Covid", qui avaient été recensés lors de la première vague avant de refluer avec la généralisation des tests, ont représenté quant à eux "environ 11.000" décès sur les quelque 130.000 recensés au total, ajoute Grégoire Rey.

Ce n'est pas la première fois que le bilan officiel des décès Covid-19 est remis en cause et la France n'est pas une exception. En novembre, une publication avait affirmé que l'Institut supérieur de la santé (ISS) italien avait revu drastiquement à la baisse le nombre de morts Covid-19 recensés dans le pays depuis février 2020. Les autorités sanitaires transalpines avaient réagi en dénonçant une interprétation erronée des données.

Selon un bilan établi par l'AFP à partir des sources officielles, la pandémie de Covid-19 avait fait, au 15 décembre, au moins 5 ,3 millions de morts dans le monde depuis fin 2019.

Statistiques relatives à une ou plusieurs déclaration(s) fact-checkée(s) par cet article

  • URL de la déclaration : https://lecourrierdesstrateges.fr/202...
  • Texte de la déclaration :

    Santé Publique France ne semble pas d'accord avec le gouvernement sur le nombre de morts du COVID depuis le début de la pandémie. Officiellement, nous en comptons plus de 110.000 ! Rappelons qu'au mois d'avril, Emmanuel Macron a "célébré" le passage prétendu des 100.000 morts... Sauf que, Santé Publique France, organisme peu réputé pour son complotisme, avance un chiffre deux fois moindres. C'est quand même bizarre, non ?
    Santé Publique France a parfois du bon… Celui de ne pas complètement truquer les chiffres comme le gouvernement peut le faire pour dramatiser une situation sérieuse, certes, mais loin de la catastrophe absolue qui justifie de suspendre la liberté d’aller et venir. On trouvera donc, dans la nouvelle série de statistiques mises en accès public, des chiffres qui infirment les fake news produites par le gouvernement et largement diffusées par des medias subventionnés dont la docilité devient pathétique.
    Ainsi, selon le graphique que nous reproduisons ci-dessus, le nombre de morts officiels cumulés depuis 2019 est de “seulement”, tous âges confondus, de 54.813. Soit deux fois moins que le gouvernement ne l’annonce.
    Ce chiffre, au demeurant, corrobore les estimations de l’INSEE produites au printemps (dont les fact checkers prétendaient qu’elles étaient mal comprises). Il est inférieur à l’estimation de 68.000 décès en 2020 avancée par la très officielle revue Population & Sociétés.
    Bref, si Santé Publique France doit être notre guide, on éclate immédiatement le mythe officiel des 100.000 morts, et on revient à de plus justes proportions…
    Ce que la géographie nous apprend
    Il n’est pas inutile, pour continuer à démentir les fake news officielles, de reprendre la répartition des décès sur le territoire. Selon Santé Publique France, voici ce que cela donne :
    Donnez 5 min de votre temps pour lutter contre le passe sanitaire !
    Rejoignez la campagne de shaming de Rester libre !
    Demandez le licenciement du directeur de l’Institut Curie qui a appelé la BAC pour empêcher une non-vaccinée d’accéder aux soins dans son établissement !
    Adhérez à Rester libre !
    Certaines données sont frappantes ici. En particulier, on voit bien que, proportionnellement à sa population, l’Ile-de-France compte moins de décès que la région lyonnaise. On l’on voit bien que Marseille et les Hauts-de-France ont moins souffert que les autres.
    Cette inégalité dans la répartition des décès constitue l’angle mort des analyses publiques. Elle nous renseignerait pourtant utilement sur l’efficacité des stratégies en matière de lutte contre la maladie.
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