Non, cette vidéo n’annonce pas la démission du président français


Non, cette vidéo n’annonce pas la démission du président français

Publié le mercredi 5 octobre 2022 à 14:47

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(AFP)

Auteur(s)

SUY Kahofi, AFP Côte d'Ivoire

Une vidéo de France 24 partagée sur Facebook et visionnée plus d’un million de fois annoncerait la démission du président français, Emmanuel Macron. Attention : cette vidéo n’est pas récente. Elle date de l’époque où l’actuel chef de l'Etat occupait le poste de ministre de l’Économie dans le gouvernement de l’ex-président François Hollande.

"La démission de Macron", voici la brève légende qui accompagne une vidéo publiée par la page Vision d’Afrique. Cette publication qui enregistre plus de 1.800 commentaires et 9.000 partages est un extrait de la chaîne de télévision France 24 comportant une alerte. La titraille à fond rouge porte le texte suivant : "France-Gouvernement, l’Elysée annonce la démission d’Emmanuel Macron".

3ed23d2217d1a55f9800b8edee2342e63f1215d2-ipad.jpgCapture d'écran Facebook réalisée le 4 Octobre 2022

Cette vidéo, qui enregistre également plus de 1,5 millions de vues sur Tik Tok est-elle authentique et provient-elle de France 24 ? Pour le savoir nous avons réalisé une recherche par image inversée grâce à l’outil InVID-WeVerify pour isoler des fragments de la vidéo. Les suggestions du moteur de recherche Yandex nous ont ensuite permis de retrouver le même extrait publié le 11 décembre 2018 sur un compte YouTube.

8dd4daae909691845712390f08bbe75155198593-ipad.jpgCapture d'écran Yandex réalisée le 04 Octobre 2022

Les images isolées par InVID nous ont également permis d’identifier les personnes présentes dans la vidéo. Grâce à Google Image, nous pouvons constater que dans cette vidéo de 3 mn et 37 secondes, la présentatrice Valérie Fayolle reçoit en plateau Roselyne Febvre, la cheffe du service politique de France 24. Durant cet échange, les deux journalistes évoquent le contexte de la démission d’Emmanuel Macron. 

aa71a109bad31c480850f80654d096d212a95ac4-ipad.jpgValérie Fayolle (capture d'écran Facebook réalisée le 04 Octobre 2022)

34100e35c05fd2cbc10fd28ab12ee21699486756-ipad.jpgRoselyne Febvre (capture d'écran Facebook réalisée le 04 Octobre 2022)

Une autre recherche par mots-clés (Emmanuel Macron-démission) grâce à Google Search nous permet de retrouver plusieurs articles en lien avec la démission d’Emmanuel Macron. Parmi ces articles figure la vidéo d’origine mise en ligne sur le site de France 24. Cette vidéo a été publiée le 30 août 2016.

A cette époque, Emmanuel Macron n’était pas encore président de la République en France. Il occupait le poste de ministre de l’Economie dans le gouvernement de son prédécesseur, François Hollande. "C'est Michel Sapin qui récupère (le portefeuille de l'Economie, ndlr) pour les derniers mois qu'il reste à la gauche pour gouverner", relève d'ailleurs la journaliste Roselyne Febvre dans la vidéo (à 50 sec), laissant entendre que Macron se présentera à la présidentielle française prévue l'année suivante.

1cc9faa30751d287593f50fc23a60a1676921d23-ipad.jpgCapture d'écran Google réalisée le 04 Octobre 2022

Contactée par l’AFP, la rédaction de France 24 précise que "cette vidéo, avec un ancien habillage d’antenne et une présentatrice qui, depuis de nombreuses années, ne travaille plus au News, date de 2016, quand Emmanuel Macron était ministre de l’Economie sous la présidence de François Hollande".

"Par ailleurs, dans les premières secondes de la vidéo en question, la présentatrice de l’époque précisait dans ses propos « la démission annoncée du ministre de l’Economie… Emmanuel Macron quitte le gouvernement ». Ce n’est pas la première fois que d’anciennes vidéos de France 24 ressortent de leur contexte et sont largement relayées en Afrique", explique la rédaction de France 24.

Emmanuel Macron a démissionné du gouvernement français en août 2016 quelques mois après avoir lancé son mouvement politique En Marche!. Un parti avec lequel il remportera ensuite la présidentielle française de mai 2017.

Cette vidéo de la démission d'Emmanuel Macron, alors qu’il était encore ministre de l’Economie, refait surface dans un contexte de ressentiment anti-français en Afrique francophone, où l'ancienne puissance coloniale est accusée d'ingérence dans les affaires politiques, économiques et sécuritaires de pays souverains. 

0d58f74bedff351c9e38360f107982e2c1c5a4cc-ipad.jpgCapture d'écran Facebook réalisée le 04/10/2022

Ainsi, de nombreux internautes semblent y croire et se félicitent de cette démission dans les près de 2.000 commentaires qui accompagnent la publication, certains remerciant "Dieu" d'avoir provoqué cette démission.

Au Mali, la junte militaire au pouvoir a notamment accusé Paris de soutenir et d'armer les groupes jihadistes qui mènent depuis une dizaines d'années des attaques meurtrières sur son sol.

Au Burkina Faso, théâtre ce week-end d'un deuxième coup d'Etat en neuf mois, des manifestants s’en sont pris à l’ambassade de France à la suite de rumeurs faisant état de la présence des autorités militaires déchues au sein de la représentation diplomatique.

ee9953e4954450611580a22912b77fd0af571d27-ipad.jpgCapture vidéo qui montre des manifestants en colère devant l'ambassade de France le 1er octobre 2022 à Ouagadougou

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Certains Burkinabé qui réclamaient le départ du chef de la transition, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, selon eux protégé par la France, ont aussi brandi des drapeaux russes, demandant un renforcement de la coopération militaire avec Moscou. L'influence russe ne cesse de croître dans plusieurs pays d'Afrique francophone, particulièrement au Mali et en Centrafrique.

play:urn:newsml:afp.com:20221003:c6efb85a-d186-4175-818a-24216be711eaA la suite d'une médiation de chefs religieux et communautaires, très influents au Burkina Faso, M. Damiba, arrivé au pouvoir par un putsch le 24 janvier, a finalement accepté de démissionner au profit d'un jeune capitaine, ce qui a permis de faire baisser les tensions.

Le nouveau chef de la junte, le capitaine Ibrahim Traoré, a dit vouloir endiguer "la dégradation continue de la situation sécuritaire".

Depuis 2015, les attaques régulières de mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI) ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes dans ce pays enclavé d'Afrique de l'Ouest.

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