Non, le vaccin Gardasil proposé au collège à la rentrée n'est pas "toxique"


Non, le vaccin Gardasil proposé au collège à la rentrée n'est pas "toxique"

Publié le jeudi 13 juillet 2023 à 10:17

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AFP France

A la rentrée scolaire en France, les parents des élèves de 5ème se verront systématiquement proposer le vaccin contre le papillomavirus, un virus sexuellement transmissible responsable de plus de 6.000 cancers par an. Une campagne de vaccination qui fait réagir des centaines d'internautes, qui assurent que ce vaccin n'a pas prouvé son efficacité et est responsable de graves effets secondaires. C'est faux, selon l'écrasante majorité des études sur le sujet et les autorités sanitaires: la balance bénéfice-risque de ce vaccin est largement favorable. Quant à l'efficacité du vaccin sur plusieurs types de cancers, elle a fait ses preuves, même s'il est encore difficile de l'évaluer pleinement du fait du jeune âge des premières femmes vaccinées.

La vaccination contre le papillomavirus, possible en France depuis 2006, a dès le départ suscité des réactions inquiètes, voire de la désinformation sur les réseaux sociaux notamment, à l'instar de tous les vaccins (archive), et en particulier de ceux concernant les enfants. 

En février 2023, quand le président Macron a annoncé le lancement à la prochaine rentrée scolaire d'une campagne de vaccination massive, destinée à toucher tous les élèves de 5ème, la pression est montée d'un cran.

Juste avant les vacances, l'Etat a précisé le calendrier (lien archivé) de cette campagne, qui débutera en octobre dans certaines régions. Certains parents d'élèves de 6ème ont déjà reçu une lettre des ministères de l'Education et de la Santé les informant sur cette vaccination, ce qui a ravivé le débat sur les réseaux.

Interrogé par l'AFP le 12 juillet, le ministère de l'Education a confirmé: "Une information a été diffusée aux parents de 6e via [le logiciel] Pronote ou par courrier remis. Une nouvelle communication afin de savoir s'ils sont volontaires ou non pour leur enfant sera faite à la rentrée".

Sur Twitter le 6 juillet, le Collectif des parents en colère postait une photo de cette lettre, accompagnée du commentaire suivant: "Alerte déploiement vaccination HPV dès 2023-2024 Messieurs, pouvez-vous dire de quels vaccins il s'agit ? Parents, contactez-nous ! Nous adresserons un courriel aux établissements. #ProtegeonsNosEnfants"

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Capture d'écran de Twitter le 11 juillet

 

Si la formulation du tweet peut être ambigüe - faut-il protéger les enfants du virus ou du vaccin? - une réponse du collectif à un commentaire dévoile sa position sans équivoque: "si encore ça prévenait le cancer et non le contraire!".

D'autres commentaires à ce tweet partagé plus de 600 fois vont dans le même sens : "Non non et non nous ne voulons pas vacciner les enfants",  et reprennent un narratif souvent observé chez les anti-vaccins Covid; "C'est totalement gratuit https://abs-0.twimg.com/emoji/v2/svg/1f928.svg alors ça veut dire que c'est toi le produit... Ils ne veulent pas du bien à nos enfants tout comme nous... Il faut éviter leur poison à tout prix. Perso je ne fais plus confiance à la big pharma et encore moins à nos dirigeants ☠️https://abs-0.twimg.com/emoji/v2/svg/1f489.svghttps://abs-0.twimg.com/emoji/v2/svg/1f48a.svghttps://abs-0.twimg.com/emoji/v2/svg/1f9ea.svghttps://abs-0.twimg.com/emoji/v2/svg/1f9eb.svghttps://abs-0.twimg.com/emoji/v2/svg/1f9ec.svg "

Ce tweet a été partagé par des figures de la sphère antivax française comme la biologiste Hélène Banoun, par exemple, elle-même retweetée plus de 1.300 fois au 11 juillet. Elle cite le nom du vaccin, Gardasil, commercialisé par le laboratoire MSD (archive) en France. C'est ce vaccin, plus exactement le Gardasil 9, un vaccin nonavalent (qui cible 9 souches du virus), qui sera déployé.

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Capture d'écran de Twitter le 11 juillet

 

D'autres publications récentes relaient une pétition en ligne contenant beaucoup de fausses affirmations, que nous allons examiner dans la suite de cet article, sur le vaccin contre le papillomavirus. Au 11 juillet, elle comptait plus de 58.000 signatures. 

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Capture d'écran du site de l'association "santé naturelle" le 11 juillet

 

L'association Santé naturelle, qui a lancé cette pétition, avait déjà fait parler d'elle en 2018 avec une pétition très virale qui avait rassemblé 180.000 signataires pour sauver les huiles essentielles, "menacées" de ne plus être en vente libre selon ses auteurs. Une pétition qui relayait déjà de fausses informations, comme l'explique cet article (archive) des Décodeurs du Monde.

Des internautes se demandent aussi  "Que contiennent les fioles ? Les effets secondaires la liste où est-elle ?", ajoutant des mots-clés anxiogènes: "#Crimecontrelhumanité, #Legénocideperdure".

Toutes ces publications mettent en doute l'innocuité du vaccin, son efficacité à prévenir les cancers, et les motivations des autorités françaises.

Un vaccin non obligatoire

Certains assurent que la vaccination contre le HPV (papillomavirus humain) va devenir obligatoire, comme cette internaute qui se demande sur Twitter le 28 février, le jour de l'annonce par Emmanuel Macron de la campagne de vaccination: "Le #Papillomavirus sera-t-il le 12ème vaccin obligatoire en France ? L’offensive pour rendre obligatoire le #Gardasil est lancée par Macron". 

Certes, le 28 février, le chef de l'Etat avait indiqué que "la question se posera pour savoir si à un moment donné on la rendra obligatoire". Mais pour le moment, ce n'est pas le cas: la vaccination est certes "généralisée", c'est-à-dire qu'elle sera proposée à tous les enfants d'une même classe d'âge, mais reste facultative.

"Cette vaccination est recommandée et gratuite, le consentement des parents et de l’élève sera donc au cœur de la décision de vaccination", insiste auprès de l'AFP le 6 juillet l'Agence régionale de santé (ARS) (archive) d'Ile-de-France.

Dans la lettre des ministères aux parents d'élèves, il est bien précisé que "l'accord écrit des deux parents sera demandé".

En France, onze vaccins (archive) sont obligatoires chez les enfants nés après 2018, pour pouvoir s'inscrire à l'école notamment, mais il s'agit de vaccins administrés aux nourrissons, non aux adolescents.

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Des boîtes du vaccin Gardasil

AFP

 

Que contient le vaccin Gardasil 9?

Dans une réponse à l'AFP le 4 juillet, le laboratoire MSD assure que, contrairement à ce qu'affirment des publications qui circulent sur les réseaux sociaux, la composition du vaccin est décrite dans les mentions obligatoires complètes du produit, qui est un document accessible publiquement (archive).

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Capture du site du dictionnaire des médicaments Vidal, faite le 12 juillet 2023

 

Une association de patients, E3M, qui a saisi la justice pour demander "en urgence un moratoire (archive) sur cette campagne décidée par le gouvernement" le 3 juillet et relayé sa campagne sur les réseaux sociaux , assure qu'"il a été trouvé des fragments d'ADN viral scotché sur l'adjuvant aluminium utilisé".

Ce à quoi le laboratoire répond: "Le virus HPV est un virus à ADN mais les vaccins HPV ne comportent pas de 'fragments d’ADN' du virus. Les 2 vaccins Gardasil et Gardasil 9 ne contiennent pas de fragments d’ADN du virus."

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Capture d'écran de Twitter le 12 juillet

 

Le collectif E3M demande des vaccins sans aluminium, affirmant qu'il "s'agit d'un produit neurotoxique à l'origine de maladies graves et invalidantes". Selon MSD, Gardasil utilise un adjuvant aluminique comme "la majorité des vaccins non vivants", ajoutant "les adjuvants, associés aux antigènes des vaccins, permettent une réponse immunitaire plus forte, à plus long terme et plus précoce" et assurant que "nous absorbons jusqu’à 820 fois plus d’aluminium par l’alimentation que par les seuls vaccins".

L'AFP Factuel a déjà traité le sujet de l'aluminium dans les vaccins, notamment ici. Comme l'explique l'Académie de pharmacie dans son Rapport sur les adjuvants alumniques (archive) de 2016, "l’aluminium sous forme d’hydroxyde ou de phosphate a été le premier adjuvant breveté dans les années 1920" : il est donc étudié sous toutes les coutures depuis des décennies, avec des centaines de millions de doses injectées.

A l'instar de l'Académie de médecine, la FDA (archive) (l'agence américaine des produits de santé et de l'alimentation), l'Université d'Oxford (archive) et l'Hôpital des Enfants de Philadelphie (archive) considèrent que les infimes quantité de dérivés d'aluminium contenues dans les vaccins sont sans danger. 

Des "exemples" étrangers non convaincants

Les publications trompeuses au sujet du vaccin contre le papillomavirus, notamment la pétition de l'association Santé naturelle, citent des exemples de pays étrangers ou la vaccination aurait provoqué des problèmes de santé chez des jeunes gens.

- En Belgique, des "malaises" sans lien avec le vaccin

Ils présentent pour "preuve", notamment, cet incident survenu en Belgique (archive) en novembre: 18 élèves qui venaient de se faire vacciner avaient été pris de "malaises".

Suite à cette réaction, le lot de vaccin concerné avait été mis en quarantaine. Selon l'Agence du médicament belge, contactée par l'AFP le 10 juillet, "les investigations n’ont révélé aucun défaut de qualité. Il s’agit d’un incident isolé, sans lien avec la qualité du vaccin".

Les événements observés, ajoute l'agence, "malaises, maux de tête, nausées, vomissements" sont des effets indésirables bénins et connus du Gardasil 9, en ligne avec le profil de sécurité décrit dans la notice (archive). Le gendarme du médicament belge rappelle aussi que "des clusters de réaction d’anxiété par rapport à la vaccination ont été décrits dans la littérature [scientifique, NDLR] pour différents vaccins, dont le HPV (par exemple, Loharikar  et al., 2018"). (archive)

- au Japon, volte-face sur la vaccination

La pétition affirme aussi que "le Japon a même dû suspendre sa campagne de vaccination au motif que les 'informations communiquées au public sur les effets secondaires et les risques potentiels étaient insuffisantes au vu des faits notifiés '".

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Une jeune fille de 13 ans se fait vacciner contre le HPV dans un hopital à Tokyo le 15 février 2022.

AFP

 

C'est trompeur: le Japon a certes longtemps suspendu la vaccination HPV (archive), mais elle a repris aujourd'hui. 

Le Japon avait approuvé le vaccin anti-HPV en 2009 et il était devenu gratuit pour les filles âgées de 12 à 16 ans en avril 2013. Mais à peine deux mois plus tard, le gouvernement avait cessé de le recommander activement en raison de doutes sur un éventuel lien de cause à effet entre son injection et des "douleurs chroniques" rapportées par des personnes vaccinées.

Victime d'une médiatisation très critique et d'une absence de prise de position des politiques et des scientifiques, la vaccination contre le HPV a dégringolé: de 70% en 2013, le taux de vaccination des jeunes filles est passé à 1% en 2022.

Du fait de nouvelles études rassurantes, la réputation du vaccin (archive) a peu à peu été réhabilitée dans l'opinion publique japonaise, de nouveau activement encouragée à se faire vacciner par le gouvernement depuis avril 2022.

Une étude très controversée comme "preuve"

La pétition contre le vaccin anti-HPV assure que "les essais cliniques (...) ont révélé une toxicité effarante de ces vaccins anti-papillomavirus".

Elle se base sur cette étude (archive), intitulée "bénéfices et préjudices des vaccins contre le HPV : une revue systématique avec méta-analyses des données d'essais cliniques".

Les chercheurs danois cités concluent que les vaccins HPV ont contribué à réduire les cancers liés au virus mais "ont augmenté les troubles graves du système nerveux et les malaises". Ils reconnaissent aussi que "comme les essais inclus dans l'étude étaient conçus pour mesurer les bénéfices et non les préjudices, il n'est pas possible de dire dans quelle mesure les bénéfices des vaccins HPV l'emportent sur les risques".

Cette étude a été très critiquée par la communauté scientifique: la chercheuse pluridisciplinaire Hilda Bastian (archive), membre (archive) de la collaboration Cochrane, estime par exemple que "les enjeux d'un examen des risques potentiels d'un vaccin sont élevés, à la fois du fait du besoin de surveiller ces risques et du besoin de le faire de manière responsable. Seul un examen rigoureux peut nous faire avancer, et je ne pense pas que la revue de Jørgensen et al. fournisse cela".

Elle critique notamment leur conclusion, selon elle influencée par des biais méthodologiques: "ils avaient des données sur des événements  neurologiques sérieux, mais ils ne savaient pas combien de patients ça concernait. Donc si quelqu'un avait un sérieux mal-de-tête, un vertige très handicapant, ou des problèmes de sommeil (ou les trois), cette personne comptait pour deux, ou trois personnes avec des 'problèmes neurologiques sérieux'", explique-t-elle.

Le Gardasil, régulièrement mis en cause

Plusieurs controverses ont entaché la réputation du Gardasil depuis sa mise sur le marché en 2006. En 2015, le site d'information Slate publiait une enquête (archive) à ce sujet, dénonçant les conditions dans lesquelles les essais cliniques ont été conduits par le laboratoire Merck. Mais elle affirme également que "rien ne prouve que le vaccin contre le papillomavirus est dangereux et qu'il faut éviter d'y recourir".

Aussi, en 2013, plusieurs Françaises victimes de problèmes de santé après une injection de Gardasil ont déposé plainte contre X (archive) pour "atteinte involontaire à l’intégrité physique et tromperie aggravée". Selon l'avocate de l'époque de neuf d'entre elles, ces jeunes femmes âgées de 18 à 24 ans avaient en commun "d'avoir contracté des maladies très invalidantes dans les semaines et les mois qui ont suivi la vaccination alors qu'elles n'avaient pas d'antécédents médicaux".

Mais cette plainte a été classée sans suite en octobre 2015 par le parquet de Paris, au motif qu'il n'y avait pas de lien direct établi entre ce vaccin et des pathologies du système nerveux.

Parmi les plaignantes, le cas de Marie-Océane Bourguignon (archive) avait été très médiatisé: la jeune fille avait décrit un calvaire après la prise du vaccin, de puissants vertiges, des symptômes proches de la sclérose en plaques, jusqu'à une attaque qui l'avait laissée sur un fauteuil roulant. Son état s'était ensuite stabilisé.

Dans la foulée de son premier procès, elle avait déposé une plainte avec constitution de partie civile afin d'obtenir la reprise d'investigations par un magistrat instructeur. Un non-lieu avait finalement été requis par le parquet de Paris en avril 2021 dans cette affaire.

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Marie-Océane Bourguignon à Bobigny lors d'une conférence de presse le 25 novembre 2013

AFP

 

"En pharmacovigilance, nous recevons des cas de maladies survenues après la vaccination. Parmi eux, seulement une partie peut être considérée comme liée au vaccin ou à l’acte vaccinal", rappelle Francesco Salvo (archive) responsable du centre de pharmacovigilance de Bordeaux, interrogé par l'AFP en janvier. "La gravité en pharmacovigilance est un critère large qui inclut aussi tout événement qui entraîne une intervention médicale. Si on fait un malaise après la vaccination et on reste en observation pour quelques heures, cela est considéré comme un effet grave, mais ce n’est absolument pas un effet cliniquement sévère ou même un effet médicalement grave", précise-t-il.

En 2015, dans une étude (archive) menée conjointement avec la Caisse nationale d'Assurance maladie des travailleurs salariés, l'ANSM mentionnait qu'"une augmentation du risque de syndrome de Guillain-Barré après vaccination contre les infections à HPV apparaît toutefois probable" sur 1 à 2 cas pour 100.000 filles vaccinées.

Ce syndrome rare peut "entraîner une faiblesse musculaire et la perte de sensation dans les jambes et/ou les bras", explique l'Organisation mondiale de la santé (archive) précisant que "la plupart des personnes atteintes du syndrome de Guillain Barré se rétablissent pleinement, même dans les cas les plus graves". Mais "ce risque n'a pas été retrouvé dans d'autres études menées à travers le monde, ce qui tend à remettre en cause cette observation", indiquait en 2022 à l'AFP le professeur  Jean-Luc Prétet (archive), directeur du Centre national de référence sur les papillomavirus(archive).

M. Salvo relève que de nombreuses études "ont investigué le risque de maladies neurologiques après plusieurs vaccins sans trouver d’augmentation de risque". "A titre d'exemple, il y a quelques années, nous avons recherché et mis ensemble toutes les études disponibles sur le risque de maladies neurologiques démyélinisantes et nous n'avons trouvé aucune augmentation du risque ni pour le vaccin contre le papillomavirus (archive), ni pour le vaccin contre l'hépatite B (archive)".

Les autorités sanitaires rassurantes

Depuis 2006, indique l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans son dernier rapport (archive) sur la question, daté de 2022, "plus de 500 millions de doses de vaccin anti-PVH ont été distribuées. La surveillance post-homologation n’a relevé aucun problème de sécurité grave à ce jour, à l’exception de rares cas d’anaphylaxie", c'est-à-dire une réaction allergique. 

"Les données provenant de toutes les sources continuent d’être rassurantes quant au profil d’innocuité des vaccins anti-PVH actuellement utilisés dans le monde", poursuit l'OMS. 

Même son de cloche du côté de l'EMA (archive) (l'agence européenne du médicament) au sujet du Gardasil 9. L'agence a retiré la section "risques importants identifiés et potentiels", expliquant que les "analyses des données post-commercialisation après 4 ans sur le Gardasil 9 montrent qu'il n'y a pas d'activités de pharmacovigilance additionnelle remarquable à ajouter aux risques précédemment listés".

L'OMS précise que la grande majorité des manifestations indésirables sont locales, c'est-à-dire sur le point d'injection: une douleur, des rougeurs ou un œdème à l'endroit de la piqûre. Avec le vaccin Gardasil, environ la moitié des patients ont aussi connu des réaction dites systémiques, c'est-à-dire des céphalées, des vertiges, des nausées ou des vomissements, des réactions qualifiées de "généralement bénignes et spontanément résolutives". L'OMS évoque aussi des syncopes "liées au stress à l'égard de la vaccination", des symptômes évocateurs de l'incident belge mentionné plus haut.

Pour le vaccin nonavalent (le Gardasil 9), l'OMS a relevé un taux de manifestation indésirables graves inférieur à 0,1%, en s'appuyant sur cette étude (archive), ajoutant toutefois qu'"une étude bien conduite de surveillance post-homologation de l’innocuité en population n’a mis en évidence aucune association entre les vaccins antiPVH et [des cas d'affections chroniques]".

Une efficacité sur 90% des infections à HPV, donc sur les cancers

Environ 80% des femmes et des hommes sont exposés aux papillomvairus au cours de leur vie. Même si la plupart de ces infections (90%) vont s'éliminer spontanément, en France, chaque année, 6.400 nouveaux cas de cancers sont attribuables aux HPV. 25% de ces cas de cancers surviennent chez des hommes selon un document (archive) conjoint d'avril 2019 de l'Inca (Institut national du cancer) et de Santé publique France, notamment des cancers ORL,  "4ème cause de cancers en France, avec environ 14.000 nouveaux cas par an" selon l'Union pour la santé bucco-dentaire. Selon le laboratoire MSD, ces cancers imputables au HPV causent 1.000 morts par an dans le pays.

L'Inca a publié une campagne de communication (archive) en ligne sur le vaccin, destinée aux jeunes et à leurs parents notamment.

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Fiche technique sur le cancer du col de l'utérus

AFP

 

Les détracteurs du Gardasil comme l'ex-chirurgien Gérard Délépine, dont les propos avaient été démystifiés par l'AFP Factuel en janvier ici, assurent que le Gardasil n'est pas efficace contre les cancers.

C'est faux, selon l'Inca, qui explique qu'aujourd’hui, la vaccination (archive) contre les HPV prévient jusqu’à 90 % des infections HPV à l’origine des cancers. Elle prévient les lésions précancéreuses et/ou les cancers du col de l‘utérus, de la vulve, du vagin et de l‘anus ainsi que les lésions bénignes qui apparaissent sur la peau ou les muqueuses de l'anus et de la région génitale, selon la HAS (archive), qui a recommandé en décembre 2019 la généralisation de la vaccination aux personnes des deux sexes, en vue de "freiner la transmission au sein de la population générale, et ainsi de mieux protéger les garçons et les hommes quelle que soit leur orientation sexuelle, mais aussi de mieux protéger les filles et les femmes non vaccinées".

Les cancers les plus fréquemment causés par les HPV sont les cancers du col de l'utérus, qui touchent près de 2.900 femmes en France chaque année selon l'Inca.

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Evolution du taux de nouveaux cas et de décès pour 100.000 personnes, de 1990 à 2018, en France

AFP

 

La raison pour laquelle les essais initiaux pour la réglementation des vaccins n'ont pas montré leur efficacité sur les cancers mais sur les lésions précancéreuses, est qu'"il peut se passer entre 10 et 30 ans entre l'infection par le papillomavirus et l'apparition du cancer du col de l'utérus : ce délai n'est pas compatible avec des études cliniques sur ce critère", selon MSD.

Le professeur Jean-Luc Prétet explique que "les essais cliniques n'ont pas été menés avec comme 'end point' [ce qui doit être mesuré dans une étude , NDLR] les cancers, tout simplement parce que il y a des lésions précancéreuses que l'on opère et on guérit les femmes, donc vous vous rendez bien compte qu'éthiquement on ne va pas laisser les femmes faire des cancers… ".

Mais, renchérit-il, "dans une étude clinique démontrant une efficacité contre les lésions de haut grade de plus de 95%, il est aisé d'en déduire l'efficacité contre les cancers qui sera observée plusieurs années après".

"Il y a une vraie protection du vaccin contre les cancers, c'est clairement démontré par les études épidémiologiques", insiste le spécialiste. "Cliniquement plus de 99% des cancers du col sont associés à des HPV persistant dans la muqueuse. La toute petite fraction qui reste peut-être liée à des problématiques techniques de détection du virus". 

Une couverture vaccinale insuffisante

Dans des études (archive) comparant les périodes pré-vaccination et post-vaccination et portant sur plus de 60 millions de personnes dans la population générale, selon l'OMS, "on a observé qu’après 5 à 8 ans de vaccination, la prévalence du PVH16 et du PVH18 (les génotypes les plus fréquents parmi les virus HPV à haut risque, NDLR) avait considérablement régressé, diminuant de 83% chez les filles âgées de 13-19 ans et de 66% chez les femmes âgées de 20-24 ans".

En France métropolitaine, 45,8% des jeunes filles âgées de 15 ans avaient reçu une dose fin 2021, et 37,4% des jeunes filles de 16 ans un schéma complet à deux doses, selon les chiffres de Santé Publique France (archive) qui font référence. Chez les garçons, 6% avaient reçu une dose à 15 ans.

Ces chiffres sont "loin de l'objectif de 60%" du plan cancer 2014-2019, relève SPF. La vaccination apparaît aussi parmi les plus faibles d'Europe, alors que des pays comme la Finlande, la Hongrie, la Norvège, l'Espagne, le Royaume-Uni ou la Suède comptent plus de 70% d'adolescentes vaccinées.

C'est dans ce contexte que le gouvernement a décidé de déployer une campagne de vaccination généralisée qui commencera à la rentrée scolaire 2023.

Dans une tribune publiée en juin, l'Académie nationale de médecine, les principales sociétés savantes concernées (cancérologie, pédiatrie...) et des associations de patients ont estimé que "La vaccination en milieu scolaire sera un élément indispensable mais insuffisant isolément", faisant référence à une première expérience menée dans l'est de la France.

"Celle-ci montre que 20% des parents ont consenti à la vaccination de leur enfant et seuls 16% des élèves ont pu être effectivement vaccinés", remarque l'appel, évoquant la nécessité d'une "campagne d'information massive", auprès des soignants comme du grand public.

Au-delà de la campagne dans les collèges, les signataires demandent des mesures plus larges, comme de pouvoir se faire vacciner gratuitement jusqu'à 26 ans pour tous. Actuellement, cette vaccination n'est possible que pour les hommes ayant des rapports homosexuels.

Statistiques relatives à une ou plusieurs déclaration(s) fact-checkée(s) par cet article

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