Le vrai du faux. Les infrastructures sont-elles la première cause d'accident de la route en France, comme l'affirme Sébastien Chenu ?


Le vrai du faux. Les infrastructures sont-elles la première cause d'accident de la route en France, comme l'affirme Sébastien Chenu ?

Publié le mercredi 19 juillet 2023 à 12:06

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Le porte-parole du Rassemblement national à l'Assemblée nationale le 4 juillet 2023

(EMMANUEL DUNAND / AFP)

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franceinfo

D'après le porte-parole du Rassemblement national, ce ne sont ni la vitesse, ni la consommation d'alcool ou de stupéfiant qui sont les premières causes d'accidents de la route en France, mais bien les infrastructures (routes, panneaux de signalisation, barrières, etc.). Or, c'est faux. On vous explique.

Le gouvernement a créé lundi 17 juillet le délit "d'homicide routier", pour caractériser un homicide après un accident de la route, en pleine période de départ en vacances d'été. Pourtant, selon Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement National, les conducteurs ne sont pas les premiers à blâmer dans ce type de drame. "On doit avoir une politique de rénovation des infrastructures qui doit être importante, affirme-t-il sur RMC, Puisque je vous rappelle que la première cause des accidents, 30% d'entre eux, est liée aux infrastructures"

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Cette affirmation est fausse. La première cause d'accident est bien ce qu'on appelle "les facteurs humains", que ce soit le comportement du conducteur : vitesse, dépassement dangereux, refus de priorité, ou son état : consommation d'alcool ou de drogue, malaise, inattention, etc. Ces facteurs sont en cause dans 92% des accidents de la route selon les derniers chiffres de l'ONISR, l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière.

La vitesse responsable d'un peu moins d'un accident mortel sur trois en 2021

Quant aux routes, barrières, panneaux de signalisation, ils sont effectivement responsables d'un tiers des accidents, comme le dit Sébastien Chenu, mais ils arrivent donc loin derrière les facteurs humains. D'autant qu'un accident a rarement une seule cause, il y a donc souvent plusieurs facteurs combinés dans un même accrochage. Ainsi, toujours selon les derniers chiffres de l'ONISR, seuls 1% des accidents sont dus uniquement à un défaut des infrastructures. Au contraire, 15% des accrochages sont causés par un mélange de facteurs humains et de facteurs liés aux infrastructures. Par comparaison, 46% des accidents sont causés uniquement par le comportement ou l'état du conducteur.

C'est encore plus net quand on regarde les chiffres des accidents mortels de l'ONISR. La première cause d'accident mortel en 2021 est la vitesse : un peu moins d'un accident sur trois. Mais les causes d'accidents mortels changent selon le type de mode de déplacement. La vitesse excessive ou inadaptée est la première responsable chez les conducteurs de moto ou de voiture. Pour les scooters en revanche, c'est l'alcool, et c'est l'inattention chez les piétons.