Salaires : une majorité de branches professionnelles proposent-elles un "salaire minimum inférieur au SMIC", comme l'affirme Fabien Roussel ?
Publié le mercredi 13 juillet 2022 à 10:17
(LUDOVIC MARIN / AFP)
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Thomas Pontillon
Selon le député communiste du Nord, "117 branches professionnelles" sur 171 ont un "salaire minimum inférieur au SMIC".
Alors que le gouvernement doit présenter avant la fin du mois de juillet un projet de loi pour améliorer le pouvoir d'achat des Français, Fabien Roussel, le député communiste du Nord estime qu'il faudrait d'abord s'attaquer au salaire, beaucoup trop bas pour de nombreux salariés. "Il y a 117 branches professionnelles où le salaire minimum est inférieur au SMIC, a-t-il expliqué sur LCI. Il faut tout de suite prendre des décisions d'augmentation du SMIC et au moins dans toutes ces branches professionnelles, que le salaire minimum soit aligné sur le SMIC."
70% des branches concernées
Fabien Roussel n'est pas très loin du bon chiffre. D'après le ministère du Travail, 120 branches professionnelles sur un total de 171 sont en dessous du SMIC. Pour être très clair, ça ne veut pas dire que les salariés sont payés moins que le salaire minimum. C'est interdit par la loi. En revanche, cela signifie que ces salariés ont une grille de salaire qui démarre en dessous du SMIC. Concrètement à la fin du mois, leur employeur doit combler l'écart, avec des primes par exemple, pour que le salaire soit au minimum au SMIC.
Comment expliquer qu'autant de branches se retrouvent en dessous du SMIC ? Il y a deux raisons principales. D'abord, dans certaines branches, le dialogue social était "défaillant" d'après le ministère du Travail. C'était le cas par exemple dans la coiffure. Cette branche professionnelle compte plus de 100 000 salariés en France et les négociations pour augmenter les salaires ont été longtemps bloquées. Autrement dit, la grille aussi a été bloquée.
Des hausses du smic qui rattrapent les bas salaires
La seconde raison de ces branches en dessous du salaire minimum, c'est qu'au même moment, le SMIC lui augmentait, puisque le salaire minimum est calculé notamment à partir de l'inflation. Il a connu trois revalorisations automatiques en un an (+2,2% en octobre 2021, +0,9% en janvier et + 2,65% en mai). Bilan : les branches qui étaient à la limite du SMIC ont basculées en dessous à cause de ces hausses successives. Et globalement les autres, qui restent encore au-dessus, se font rattraper petit à petit par le salaire minimum.
Pour tenter d'améliorer la situation, des négociations ont lieu depuis des mois, mais elles prennent du temps alors que l'inflation, elle, continue de monter. Pour essayer d'accélérer les choses, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, va réunir dans deux jours les syndicats et le patronat pour encourager les branches professionnelles a revaloriser les bas salaires.